Bonne nouvelle : à 14h21 TU, Vincent Riou (PRB) s'est approché du bateau de Jean Le Cam et l'a appelé afin de confirmer sa présence dans l'habitacle. Le Cam lui a répondu par un cri!

Les premières constatations de Riou confirment que le bulbe de la quille de VM Matériaux est absent, ce qui aurait déséquilibré le bateau et conduit au chavirage. Le sas de sortie en cas de chavirage (à l'arrière du bateau) est immergé à l'heure actuelle et rend impossible la sortie de Le Cam par cette ouverture. Selon les informations recueillies par Vincent Riou qui discute avec Le Cam, le marin se plaint du froid ce qui augmente l'urgence d'une intervention rapide afin d'éviter les risques d'hypothermie.Vu l'impossibilité actuelle par Le Cam d'utiliser le sas de secours, la direction de la course évalue actuellement trois options de sauvetage. La première consiste à attendre l'arrivée de plongeurs chiliens demain matin et de carrément percer un trou dans la coque afin de récupérer le marin. Les ingénieurs de Marc Lombard (l'architecte du bateau) sont à étudier les plans en collaboration avec la direction de course afin de déterminer un endroit pour percer qui ne mettrait pas en jeu la flottabilité du bateau.

La deuxième option est un secours immédiat par hélicoptère et plongeurs, mais à l'heure actuelle, étant donné le temps nécessaire pour regrouper une équipe et bâtir un plan de secours, les autorités chiliennes sont craintives de voir la nuit s'installer avant l'arrivée d'une telle aide. La dernière option en cas d'extrême nécessité est une tentative de sauvetage immédiat par Vincent Riou et Armel Le Cléac'h.

Cette dernière option semble la plus difficile à effectuer à l'heure actuelle étant donné l'état de la mer qui rendrait les manoeuvres très ardues et les risques encourus par les marins eux-mêmes seraient grands. C'est donc en cas d'extrême urgence que cette approche sera mise en branle. Le remorqueur de la marine chilienne avec à son bord des plongeurs et un Zodiac a déjà quitté vers 12h30 TU le port de Puerto Williams. Normalement, le remorqueur devrait être sur place vers 5h TU mercredi matin.

Le bateau de Le Cam est en ce moment renversé à 200 milles au sud-ouest du cap Horn. Outre son cri envers Riou, le marin a par la suite lancé une fusée de secours par une petite ouverture à l'avant du bateau servant normalement à passer des outils. La température ambiante actuelle est aux alentours de cinq degrés alors que l'eau qui s'est fort probablement infiltrée dans l'habitacle est encore plus froide. On doute fort que le marin ait pu revêtir sa combinaison de survie puisque si cela avait été le cas, le marin aurait trouvé en plus de la combinaison un téléphone satellite Iridium qui fait partie de la même trousse de sécurité et vraisemblablement Le Cam n'a pas cet appareil à sa portée.

Conformément aux dernières instructions données par Denis Horeau, directeur de la course, Vincent Riou et Armel Le Cléac'h maintiendront un support psychologique. Dans l'attente de l'équipement nécessaire à un sauvetage sécuritaire, Riou et Le Cléac'h sont à procéder à une inspection complète de la coque de VM Matériaux afin de s'assurer qu'il n'y ait pas de danger évident à garder le bateau dans cette posture jusqu'à demain matin si nécessaire.

Pour ceux qui connaissent le caractère de Le Cam, dites-vous bien qu'outre sa situation précaire et le froid, il doit rager et nommer tous les saints afin de savoir comment il se fait que le bulbe de sa quille ait pu se détacher ainsi. Fort d'une belle traversée de l'Indien et du Pacifique au cours duquel il s'était avoué fatigué par le très gros temps rencontré sur la route, Le Cam sera sûrement bien déçu de la tournure des événements. Il envisageait de manière très optimiste le virage du Horn comme étant le retour vers la maison et la possibilité de remonter au classement. Avant son chavirage, il était troisième avec un peu plus de 400 milles nautiques de retard sur le meneur Michel Desjoyeaux.

Dans un tout autre registre, Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain (Veolia) ont entrepris leur remontée respective de l'Atlantique à vitesse grand V. Si les deux marins ont par moment vécu des périodes sans vent hier, les conditions météo d'aujourd'hui sont propices à une bonne navigation. Au classement de 15h TU, Desjoyeaux détenait une avance de 135 milles sur Jourdain à la faveur d'avoir touché le vent le premier.

Alors que les secours s'activent autour de Le Cam et que le duo de tête file à plein vitesse vers le nord-est, la queue de flotte prendra encore un coup de baston avec l'arrivée d'une nouvelle dépression qui donnera du fil à retordre aux compétiteurs. Raphaël Dinelli (Océan Vital) et Norbert Sedlacek (Nauticsport) qui entreprennent tout juste leur navigation dans le Pacifique à plus de 6 000 milles nautiques du meneur (11 000 km) seront soumis à des vents moyens de 35 noeuds et des rafales jusqu'à 60 noeuds dans une mer formée avec creux de vagues variant entre sept et dix mètres.

Sébastien Josse (BT), qui avait été obligé à l'abandon à la suite des dommages causés par le chavirage de son bateau la semaine dernière, vient de toucher terre dans le port d'Auckland en Nouvelle-Zélande. Les premières demandes du marin à son arrivée auront été de prendre une bonne douche, d'avaler un bon repas et de se trouver un coiffeur pour une coupe de cheveux!

Les positions à 15h TU + retard sur le 1er (milles nautiques)

Suivez la position des skippers

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia),

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 135

3- Vincent Riou-FRA (PRB), 612 (Provisoire suite à un détournement d'urgence)

4- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 618 (Provisoire suite à un détournement d'urgence)

5- Samantha Davies-GB (Roxy), 1900 (32 heures seront à retrancher de son parcours)

6- Marc Guillemot-FRA (Safran), 2318 (82 heures seront à retrancher de son parcours)

7- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 2695

8- Dee Caffari-GB (Aviva), 2991

9- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 3019

10- Steve White-GB (Toe in Water), 3780

11- Rich Wilson-USA (Great American), 4832

12- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 5875

13- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 6066

14- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), abandon, chavirage au sud du Cap Horn

15- Jonny Malbon-GB (Artemis), idem, Problème de grand-voile

16- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), idem, safran bâbord arraché

17- Sébastien Josse -FRA (BT), idem, Safran cassé

18- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), Idem, Barres de flèche cassées

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Idem, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barres de flèches cassées

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage