Michel Desjoyeaux (Foncia) maintient son rythme soutenu en première position alors que le groupe des cinq à l'avant peaufine sa stratégie face à l'arrivée du Cap Horn d'ici quelques jours. La guerre psychologique et tactique prend donc forme dans un des plus beaux podiums potentiels de l'histoire de la course à voile.

Plus tôt aujourd'hui,  Michel Desjoyeaux (Foncia), meneur de l'épreuve depuis maintenant deux semaines, a mis le clignotant à droite à la suite du passage de la dernière porte virtuelle du Pacifique et fait dorénavant route le long de la côte chilienne vers le mythique Cap Horn qu'il atteindra d'ici quatre ou cinq jours. Le marin et ses amis derrière fermeront enfin les livres sur un Pacifique qui n'aura pas été celui des brochures remises avant le départ.

 

En effet, si tous rêvaient de naviguer un Pacifique sous de beaux surfs débutants à la crête des immenses houles caractéristiques de l'endroit, ils ont plutôt vécu un Pacifique capricieux et particulièrement violent, à la manière de l'Indien, qui leur a offert les pires conditions de navigation depuis l'édition de 1996.

 

C'est donc un Michel Desjoyeaux heureux de vivre ses derniers jours dans le Pacifique qui s'adressait aux médias ce matin. Fort d'une avance de 160 milles sur Roland Jourdain (Veolia), Desjoyeaux conservera un vent portant jusqu'au virage du Horn et il est déjà en train de planifier sa remontée de l'Atlantique et d'évaluer les options météo qui s'offrent à lui.

 

De son côté, Roland Jourdain voit dans les derniers milles à faire dans le Pacifique sa première victoire (bien qu'il touche du bois) puisque contrairement à ses deux participations précédentes il se retrouve avec un bateau encore en bonne santé à la veille de débuter la remontée Atlantique. Nous vivrons donc une répétition de l'édition 2000 alors que Desjoyeaux et Jourdain, alors accompagnés d'Ellen Mc Arthur, avaient été les acteurs d'une fin de course absolument captivante.

 

Jean Le Cam (VM Matériaux), dorénavant à 417 milles derrière Desjoyeaux, est poursuivi par Armel Le Cléac'h (Brit Air) et Vincent Riou (PRB), gagnant de l'édition 2004, qui sont de leur côté à plus de 620 milles de Desjoyeaux. Si ces trois marins conservent des chances pour la marche ultime du podium, l'écart qui augmente continuellement avec le meneur commence à très sérieusement miner la possibilité de voir cet exploit se produire.

 

En 2004, Jean Le Cam passait le Cap Horn avec 300 milles d'avance sur Vincent Riou qui avait grugé les milles un par un afin de remporter la victoire avec un maigre 7 heures d'avance sur Le Cam à qui il avait fallu quelques semaines pour digérer cette deuxième place. Lors de l'édition 2000, Desjoyeaux devançait Mc Arthur par 650 milles et bien que l'Anglaise ait pris la tête de l'épreuve un court instant avec une spectaculaire remontée, c'est Desjoyeaux à la suite de la prise d'une option météo osée qui avait remporté les grands honneurs.

 

C'est donc en théorie encore jouable pour les cinq premiers, mais permettez-moi de douter en la répétition d'un scénario hollywoodien dans cette édition. Si en 2000 et 2004, de tels scénarios on fait surface, tous les acteurs de l'époque en étaient à leur premier Vendée Globe. Les choses sont maintenant bien différentes et le groupe des cinq, exception faite de Le Cléac'h, est constitué des meilleurs et des plus reconnus de la discipline. S'ils ont tous le talent et le culot potentiel de réussir de grands coups stratégiques, ils font face à aussi bon et expérimenté qu'eux. Cela rend la tâche de remonter un concurrent extrêmement ardue. Les leaders cumulent un total de neuf participations au Vendée Globe.

 

Une chose est certaine, la guerre se prépare et à ce jeu Desjoyeaux est très fort. Par contre, pour la première fois en trois participations, on sent Roland Jourdain avec le couteau entre les dents et il n'a qu'une chose en tête : la victoire. Croyez-moi, le meilleur est à venir et nous assisterons à un dernier tiers de course d'anthologie.

 

Si les deux marins sont de très bons amis sur terre, c'est loin d'être le cas en mer. À preuve, ils ne se sont pas adressé la parole depuis le départ...

 

Les positions à 15:00hrs TU + retard sur le 1er (milles nautiques)

Suivez la position des skippers <http://tracking.vendeeglobe.org/fr/>

 

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), 

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 159

3- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 417

4- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 621

5- Vincent Riou-FRA (PRB), 657

6- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 1533

7- Samantha Davies-GB (Roxy), 1852 (provisoire, suite à un détournement d'urgence)

8- Marc Guillemot-FRA (Safran),  2147 (provisoire, suite à un détournement d'urgence)

9- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 2415

10- Dee Caffari-GB (Aviva), 2555

11- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 2572

12- Steve White-GB (Toe in Water), 3358

13- Jonny Malbon-GB (Artemis), 4172

14- Rich Wilson-USA (Great American), 4240

15- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport),  5267

16- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 5331

17- Sébastien Josse -FRA (BT), Abandon, Safran cassé

18- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), Idem, Barres de flèches cassées

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Idem, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos),  idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barres de flèches cassées

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage 

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage