Sébastien Josse a été frappé de plein fouet par une déferlante dans des vents accompagnés de rafales à 60 noeuds (110 km/h) alors que Michel Desjoyeaux (Foncia) et Roland Jourdain (Veolia) cravachent forts à l'avant dans des conditions difficiles. Le Canadien Derek Hatfield demeure en 16e position alors que les tempêtes s'accumulent pour le Canadien et la queue de flotte.

La réputation des mers du sud n'est pas surfaite. Bien que les skippers désirent tous vivre les immenses houles et les vents constants de l'endroit, tous se passeraient bien des conditions inhumaines, violentes et dangereuses lorsque le Sud fait le dur.Aux prises avec des rafales dépassant les 60 noeuds et en pleine nuit, Sébastien Josse (BT) a vu son bateau se retourner complètement à la suite d'une déferlante qui l'a touché sur le côté.

Couché à 110 degrés, mât à l'eau et quille au ciel, Josse a informé la direction de course de sa situation à 11h47 TU. Le marin, positionné à 1000 milles nautiques au sud-est de la Nouvelle-Zélande, a indiqué ne pas avoir besoin d'assistance immédiate. Le bateau est resté dans cette position inconfortable pendant de longues minutes avant de se remettre à l'endroit de lui-même et Josse navigue dorénavant à petite vitesse vers le nord et évalue en ce moment l'état de son bateau.

Le groupe des quatre meneurs de la course, dont Josse fait partie, est sous l'effet d'un fort coup de vent et de creux de vagues très rapprochés de six à huit mètres qui rendent la navigation périlleuse pour tous. Michel Desjoyeaux (Foncia) maintient sa première position avec 32 milles nautiques d'avance sur Roland Jourdain (Veolia). Ce dernier a pu s'éloigner des conditions extrêmes en prenant une route plus au nord qui semble promettre un possible changement de leader pour la première fois depuis dix jours.

Les quatre marins en tête, talentueux et expérimentés, en ont plein les bras.

Lorsque joint ce matin par radio satellite, Jean Le Cam (VM Matériaux), troisième à 105 milles de Desjoyeaux, expliquait :

«C'est infernal ! Il y a des grains à 50 noeuds. Les vagues sont croisées et énormes. C'est vraiment l'enfer! Le problème, c'est de ne pas aller trop vite, car le bateau, tu ne sais pas comment il va terminer sa course dans la prochaine vague. Tu ne peux pas être serein dans cette mer. Ça va durer au moins 24 h et là, je suis à l'intérieur, je ne veux même pas sortir.»

Bilou (Jourdain) abondait dans le même sens : «Je voulais aller plus au nord et j'aimais mieux ne pas prendre de chances à continuer vers l'est. J'ai entre 25 et 50 noeuds de vent en rafales et le bateau n'est vraiment pas facile à régler. Il y a de sacrés creux entre 6 et 8 mètres, c'est hyper rapproché et impressionnant. Les caméras ne peuvent donner l'impression de ce que c'est réellement.»

Michel Desjoyeaux était exaspéré de la situation et de ses choix stratégiques:

«Je me prends des grains jusqu'à 55 noeuds dans la figure. Je ne suis pas heureux de mon option et je ne trouve pas que je ne navigue très bien. Je n'ai pas pris une option assez nord. Je vous parle en corrigeant le pilote, c'est vraiment chaud à bord. J'ai sous-estimé la température de l'eau au nord et Bilou a pris une option que j'ai sous-évaluée. Je fais beaucoup de virements et j'ai de la difficulté à trouver la bonne voie.»

Le Canadien Derek Hatfield (Spirit of Canada), 16e à plus de 3000 milles nautiques derrière le meneur avouait commencer à être épuisé de subir les foudres de l'océan Indien qui n'offre que tempête sur tempête depuis maintenant deux semaines. L'ex-policier de la GRC, joint plus tôt aujourd'hui, espérait fortement une accalmie des conditions de mer étant donné les avaries sur son bateau :

«J'ai l'impression d'être dans le gros temps depuis toujours. Les conditions sont hyper dures. J'ai presque oublié d'appeler mes parents pour Noël. Mes pilotes automatiques font continuellement défaut et le bateau quitte sa trajectoire sans avertissement. Je ne peux pas relaxer et dormir et je ne trouve pas le problème de ces foutus pilotes. J'ai cassé trois lattes de grand-voile et je n'ai pas été encore capable de réparer. Je navigue avec ma grand-voile affalée afin de faire une pause. Avec la fatigue, je dois être très attentif à ne pas faire d'erreurs lorsque je suis sur le pont afin de ne pas me faire emporter par les vagues»

C'est donc un Noël bien difficile pour les marins et Miss Météo ne semble pas ouverte à offrir une pause, du moins pour les 24 prochaines heures.

Alors que ceux devant espèrent une arrivée du Cap Horn la plus rapide possible, ceux derrière regardent le Pacifique arriver avec appréhension. Lorsque certains des marins les plus expérimentés de la planète soulignent comme aujourd'hui à quel point les conditions sont difficiles et impressionnantes on ne peut que souhaiter une pause des conditions actuelles.

Les positions à 15:00hrs TU + retard sur le 1er (milles nautiques)

Suivez la position des skippers

1- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia),

2- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 32

3- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 105

4- Sébastien Josse -FRA (BT), 139

5- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 296

6- Vincent Riou-FRA (PRB), 303

7- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 882

8- Samantha Davies-GB (Roxy), 1432 (provisoire, suite à un détournement d'urgence)

9- Marc Guillemot-FRA (Safran), 1636 (provisoire, suite à un détournement d'urgence)

10- Dee Caffari-GB (Aviva), 1898

11- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 1924

12- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 1999

13- Steve White-GB (Toe in Water), Non localisé

14- Jonny Malbon-GB (Artemis), 3251

15- Rich Wilson-USA (Great American), 3334

16- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 3466

17- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 4294

18- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), 4317

19- Yann Eliès-FRA (Generali), Abandon, Fracture à la jambe

20-Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), idem, multiples problèmes d'usure

21- Mike Golding-GB (Ecover), idem, Dématâge

22- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), idem, Échouage

23- Dominique Wavre-SUI (Temenos), idem Ennuis de quille

24- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), idem, Démâtage

25- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), idem, Bris au puits de safran tribord

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), idem, Barre de flèche cassée

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), idem, Dommages structurels

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem, Démâtage

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem, Démâtage

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem, Démâtage