Le groupe de tête navigue maintenant dans la portion du Vendée Globe la plus recherchée des marins : les latitudes isolées du Grand Sud avec, par beau temps, une mer offrant une houle de 3 à 4 mètres et des vents de 25 à 30 noeuds (50 km/h).

Au classement général, Sébastien Josse (BT) demeure le chef d'orchestre de la course avec 43 milles d'avance sur Loïck Peyron (Gitana) et 60 milles sur Yann Éliés (Generali).Les 9 premiers de classe sont à l'intérieur d'une distance de 125 milles et tous empannent de manière régulière avec l'objectif de descendre encore plus au sud afin de bénéficier de vents plus favorables à la route vers l'est.

Bilou (Rolland Jourdain sur Veolia Environnement) résumait très bien les conditions dans lesquelles les marins naviguent à l'heure actuelle :

« Nous sommes dans des quarantièmes « light », dit-il. J'ai actuellement 25 noeuds de vent dans une houle de 3 à 4 mètres et le thermomètre indique 16 degrés. Je navigue au portant et je vis mes premiers grands surfs de la course. Que c'est agréable! »

Jourdain, tout en se disant heureux d'être dans le Grand Sud, ironisait que d'ici 15 jours les marins se plaindraient des mauvaises conditions, des icebergs et surtout de la fatigue psychologique créée par la navigation dans ces conditions.

« Le Grand Sud à la voile, c'est très sportif pour l'homme et la machine », disait-il.

Vincent Riou (PRB) était quant à lui satisfait du comportement de son bateau après un peu moins d'un tiers de course.

Il est à noter que dans la préparation de son bateau, les problèmes techniques se sont accumulés durant les mois précédents le départ, rendant l'exercice de rodage de son nouveau bateau difficile, voire frustrant.

Il avoue donc le ménager, la route à faire étant encore très longue.

Il a aperçu ce matin les premiers albatros de son voyage, ces majestueux oiseaux marins des mers du sud (avec 3 m d'envergure) qui accompagneront les marins tout au long de leur course entre les 40e et 60e latitudes. Il n'est pas rare de voir ces oiseaux suivre un même bateau pendant plusieurs jours consécutifs sans jamais se poser sur le pont.

Jean Le Cam (VM Matériaux) aura encore connu une mésaventure qui aurait pu tourner au drame, mais racontée à la manière de l'ami Jean, celle-ci a fait rigoler l'ensemble de la salle de presse du QG course de Paris.

« J'ai décidé de monter dans le mât hier afin de faire une vérification de routine, dit-il. J'étais sous spi à 15 noeuds, alors je monte et je suis rendu à 10 mètres dans les airs quand une rafale arrive et le bateau part en vrac. Alors, me voilà descendre en mode « commando» du haut de mon mât, d'un coup, comme à la télé... non, mais ce que je suis con, vous savez dans le genre oublier ses clefs dans la bagnole en marche avec les portières barrées... alors con comme ça, ça se peut pas! Preuve qu'on en apprend tous les jours. »

Le Canadien Derek Hatfield (Spirit of Canada) occupe maintenant la dernière position en course ayant vu Jean-Baptiste Dejeantly (Maisonneuve) le dépasser au cours de la nuit.

Le Canadien s'est arrêté pour réparation au niveau du mât, mais l'information fragmentaire disponible au moment d'écrire ces lignes ne permettait pas d'identifier précisément la nature de l'avarie. Pour l'instant, souhaitons pour notre seul représentant qu'il ne vive pas un problème similaire à celui qui a retardé son départ des Sables D' Olonne, d'où sa position actuelle.

Raphaël Dinelli (Océan Vital) est présentement en direction du Brésil à la recherche d'une baie calme puisque la gaine d'une drisse (cordage) de grand-voile s'est brisée et est à l'heure actuelle coincée dans une poulie à l'extrémité du mât. Il est impossible en ce moment pour le marin de descendre sa grand-voile donc une réparation en eau calme est nécessaire.

Les marins travailleront au cours de la journée sur les configurations finales pour optimiser la navigation du Grand Sud pour le prochain mois. Déplacement des poids dans le bateau, positionnement des voiles les plus souvent utilisées, vérifications mécaniques et préparation des vêtements chauds qui seront nécessaires dans les prochaines semaines.

La première dépression du Grand Sud est attendue d'ici 48 à 72 heures et c'est à ce moment-là que les conditions extrêmes de navigation commenceront potentiellement à faire surface. De plus, la direction de la course expliquait avoir repéré cinq icebergs dont quelques géants de 450 m2 qui dérivent actuellement autour du 47e sud, donc à environ 350 milles de la première porte des glaces.

Les navigateurs rencontreront 8 à 15 de ces dépressions d'ici le cap Horn et les icebergs rendront le sommeil du marin très léger.

Souhaitons à tous une navigation sécuritaire et sans bris majeur!

Les positions + retard sur le 1er (milles nautiques)

1- Sébastien Josse -FRA (BT),

2- Loïc Peyron-FRA (Gitana Eighty), 43.2

3- Yann Eliès-FRA (Generali), 60.7

4- Roland Jourdain-FRA (Veolia Environnement), 70.6

5- Vincent Riou-FRA (PRB), 73.1

6- Armel Le Cléac'h-FRA (Brit Air), 75.4

7- Jean-Pierre Dick-FRA (Paprec-Virbac), 77.7

8- Mike Golding-GB (Ecover), 94.7

9- Jean Le Cam-FRA (VM Matériaux), 125.5

10- Marc Guillemot-FRA (Safran), 184.5

11- Michel Desjoyeaux-FRA (Foncia), 221.7

12- Dominique Wavre-SUI (Temenos), 247.3

13- Brian Thompson-GB (Team Pindar), 342.9

14- Samantha Davies-GB (Roxy), 416.2

15- Dee Caffari-GB (Aviva), 505.0

16- Arnaud Boissières-FR (Akena Verandas), 629.3

17- Steve White-GB (Toe in Water), 657.7

18- Jonny Malbon-GB (Artemis), 697.8

19- Bernard Stamm-SUI (Cheminée Poujoulat), 716.7

20- Rich Wilson-USA (Great American), 810.3

21- Una Basurko-ESP (Pakea Bizkaia), 881.5

22- Raphaël Dinelli-FRA (Océan Vital), 1432.3

23- Norbert Sedlacek-AUT (Nauticsport), Non-Localisé

24- Jean-Baptiste Dejeantly-FRA (Maisonneuve), 1501.4

25- Derek Hatfield-CAN (Spirit of Canada), 1505.6

26- Jérémie Beyou-FRA (Delta Dore), Abandon

27- Alex Thompson-GB (Hugo Boss), Idem

28- Kito de Pavent-FRA (Groupe Bel), idem

29- Marc Thiercelin-FRA (DCNS), idem

30- Yannick Bestaven-FRA (Aquarelle.com), idem