Alberto Contador, accusé d'avoir désobéi aux consignes d'équipe dans l'étape du Grand-Bornand, a dû affronter mercredi soir «une réunion de mise au point», énième épisode de la guerre des nerfs qui oppose l'Espagnol à sa propre formation depuis le début du Tour.

«On s'est expliqué entre nous et on a réglé le problème», a lâché jeudi Alain Gallopin, directeur sportif de la formation Astana, «Alberto a reconnu qu'il avait fait une erreur tactique».

«C'était une réunion de vestiaire, entre les coureurs et les directeurs sportifs. Ils se sont expliqués, et maintenant l'essentiel c'est de gagner le Tour», a confirmé une source proche de l'équipe, sans donner aucun détail sur le ton et l'ambiance de la discussion.

A l'origine du psychodrame, l'attitude du maillot jaune mercredi dans le col de la Colombière, alors qu'il ne restait que quatre coureurs en tête: les frères Schleck, Contador et son équipier Andreas Klöden. Le démarrage brutal de Contador a laissé Klöden sur place, augmenté les écarts avec Armstrong à l'arrière, et finalement profité aux Schleck, qui ont chipé à Armstrong et Klöden les deuxième et troisième places du classement général.

«Cette attaque s'est faite contre mon avis», a pesté le manageur de l'équipe Johan Bruyneel après l'arrivée. «Je lui ai dit de ne pas y aller, il n'avait pas besoin d'attaquer parce que les deux Schleck roulaient plein gaz (...) Nous pouvions faire premier, deuxième et troisième au classement général ce soir. Et nous sommes premier, quatrième et cinquième.»

Lance Armstrong, équipier de Contador et ami personnel de Bruyneel, en a remis une couche sur sa messagerie internet: «Beaucoup de questions sur le thème: pourquoi Contador a attaqué et lâché Klöden? Moi non plus j'ai pas compris».

Problème de compréhension

Après les tensions qui ont opposé Contador à sa propre équipe, et à Armstrong en particulier depuis le départ du Tour, certains se sont même demandé si le Madrilène n'avait pas volontairement attaqué pour distancer ses équipiers.

Dès l'arrivée pourtant, Contador avait tenté de se justifier, en affirmant avoir sollicité l'avis de Klöden et reçu son feu vert avant d'attaquer. «J'avais espérer partir seul, ou avec Andy Schleck seulement», a expliqué Contador, «mais quand j'ai vu qu'Andreas ne suivait pas, et que les deux frères étaient avec moi, j'ai décidé de couper mon effort. J'ai voulu attendre Andreas mais il n'a pas pu revenir».

Klöden, fidèle à son habitude, n'a pas parlé à la presse pour confirmer ou infirmer son échange avec Contador. Et Alain Gallopin est resté évasif sur le contenu du «débriefing» de mercredi soir: «Alberto et Andreas ne parlent pas la même langue, il y a eu un problème de compréhension entre eux, dit-il. Mais Andreas lui avait fait un signe pour lui signifier qu'il était à bout de forces».

A chaud, Bruyneel avait estimé que le refus de Contador de suivre la consigne tactique pouvait nuire à l'équipe dans les prochains jours: «L'harmonie est de retour dans le groupe, au moins elle l'était, nous verrons comment chacun réagit à ce qui s'est passé dans la Colombière.»

Vendredi, sur l'étape vallonnée et les petites routes de l'Ardèche, le maillot jaune aura cependant encore besoin du soutien et de la confiance de ses équipiers pour éviter tout incident.