Alberto Contador, lors de la journée de repos lundi en Suisse, a admis que sa victoire à Verbier l'avait enfin libéré de l'énorme pression qu'il subissait de la part de Lance Armstrong depuis le début du Tour.

«Oui, je m'attendais avant le Tour à ce que Lance me mette autant de pression», a-t-il reconnu pour la première fois, après avoir endossé enfin le maillot jaune: «Je savais que ce Tour serait très difficile, en course mais aussi en dehors de la course. Le fait de le savoir à l'avance a été très utile pour moi, j'ai pu m'y préparer et gérer la situation.»

Et lorsqu'on lui demande si sa démonstration de force au sommet de Verbier a été une libération psychologique pour lui, il avoue que le temps lui a paru long, depuis le départ: «Oui, j'avais envie que cette étape arrive. Depuis dimanche, la situation est enfin claire pour tout le monde. D'un seul coup, la polémique a diminué très fortement.»

A Verbier, l'Espagnol de 26 ans s'est montré le meilleur dans la montée finale, lâchant tous ses adversaires et reléguant Armstrong, septuple vainqueur du Tour, à 1 min 37 sec au classement général.

Fort, le jeune hidalgo au profil d'aigle l'a été aussi dans sa tête, pour rester de marbre face aux piques incessantes que l'Américain lui a lancées depuis le départ. Et face à l'attitude ambiguë de son équipe, qui a parfois semblé remettre en cause son statut de leader au bénéfice d'Armstrong.

Seul dans son coin

Alain Gallopin, l'un des directeurs sportifs de l'équipe Astana, concède d'ailleurs que l'Espagnol a mal vécu certains épisodes des deux premières semaines du Tour: «Il n'avait pas compris pourquoi on avait roulé lors de l'arrivée à la Grande-Motte, alors qu'Armstrong était devant et lui piégé à l'arrière dans une bordure. Il avait aussi du mal à comprendre pourquoi on ne voulait pas qu'il prenne le maillot jaune dès les Pyrénées.»

«Maintenant, il a compris, et il est très content», assure Gallopin, qui complimente même celui qui s'est imposé, dorénavant, comme le seul patron de la formation: «Face à Armstrong qui focalise toute l'attention sur lui, Alberto était parfois un peu tout seul dans son coin, c'est vrai, ce n'est pas facile à vivre. Mais il a bien assuré, il a été fort.»

L'Américain, la ligne d'arrivée à peine franchie à Verbier, a admis sa défaite, et promis de travailler dorénavant comme «un solide équipier» au service de Contador.

Mais l'Espagnol peut-il faire une confiance aveugle à des compagnons qui, la semaine dernière encore, hésitaient à le soutenir? «Lance et tous les autres sont de grands professionnels, dit-il. J'ai une pleine confiance dans cette équipe. Si Lance dit qu'il va me soutenir, je le crois. Je peux finir le Tour avec eux sans problème».

Car quelle que soit sa supériorité en montagne, Contador aura probablement encore besoin de solides appuis d'ici à Paris. «J'ai fait des différences importantes à Verbier, constate-t-il, c'est un grand pas vers la victoire finale, mais il reste encore des étapes très dures». Dont la longue chevauchée alpestre vers le Grand-Bornand mercredi, puis le contre-la-montre d'Annecy jeudi, et enfin la redoutable arrivée au sommet du Ventoux samedi.