Les deux leaders d'Astana, Lance Armstrong et Alberto Contador, contrôlent le Tour de France depuis le départ de Monaco, mais leur rivalité, voire leur hostilité réciproque, apparaît chaque jour un peu plus clairement.

La course ne les a pas encore départagés, même si l'immense majorité des coureurs et des directeurs sportifs considère que l'Espagnol, de onze ans plus jeune, est le plus fort. A condition que sa propre équipe ne travaille pas à sa perte.

Armstrong essaie-t-il de déstabiliser Contador?

Tout porte à le croire, tant l'Américain, de retour dans le peloton après trois ans de retraite, a multiplié les petites phrases assassines depuis le début du Tour. Lorsqu'il s'est retrouvé dans le groupe de tête après le «coup de bordure» en Camargue, il n'a pas résisté au plaisir de lancer: «Ce n'était pas la peine d'avoir le prix Nobel pour savoir que, quand il y a du vent, il faut rouler devant». Contador, piégé à l'arrière, aura apprécié.

Et lorsqu'on rappelle à Armstrong que le leader de l'équipe est, officiellement, Alberto Contador, le Texan se contente de dire qu'il peut y avoir plusieurs leaders dans une équipe, et que la course décidera. «Je ne signerais pas pour être troisième à Paris», a dit Armstrong à la sortie des Pyrénées.

Que répond Contador?

Face à la provocation, le Madrilène de 26 ans adopte la posture du champion totalement concentré sur l'objectif. «Toutes ces polémiques ne m'affectent pas. Sur le Tour, il faut rester centré sur la course», répète-t-il à satiété. Sa première réponse est venue sur le vélo, lorsqu'il a attaqué dans la montée d'Arcalis et pris 21 secondes à tous ses rivaux, y compris Armstrong.

Quelle est la position du manageur de l'équipe Johan Bruyneel?

Bruyneel est un ami d'Armstrong. Et on lui prête l'intention de fonder une équipe autour d'Armstrong s'il quitte Astana. Lorsqu'on l'interroge, il répète que Contador est le leader de l'équipe, mais qu'Armstrong «n'est pas un coureur comme les autres».

Les deux rivaux sont-ils prêts à jouer le jeu de l'équipe?

Lorsque l'Espagnol est sorti dans Arcalis, Armstrong est resté dans la roue des poursuivants, comme le commande la course d'équipe. Mais au sommet, l'Américain n'a pas hésité à critiquer son jeune équipier, en affirmant publiquement que Contador n'avait pas respecté les consignes de course données le matin.

Armstrong, lui, n'a pas encore attaqué en montagne. Contador promet qu'il ne bougera pas si la situation se produit: «Ce ne sera pas à moi d'aller le chercher, ce sera à ceux qui sont en retard au classement général.»

Bref, à écouter les deux champions, tous les deux sont prêts à respecter l'esprit d'équipe. Jusqu'à quel point?

Comment la situation peut-elle se décanter?

Deux secondes séparent Armstrong de Contador au classement général, mais tous deux comptent déjà une bonne avance sur leurs rivaux. «Ce n'est donc pas à nous d'attaquer, c'est aux autres», répète Contador depuis les Pyrénées.

Les frères Schleck, ou Evans, tiennent peut-être la clé de la course. S'ils attaquent, on verra alors qui d'Armstrong ou de Contador est capable de les suivre.

Cette rivalité peut-elle affaiblir l'équipe Astana?

Tous les coureurs le disent, Astana cette année est l'une des équipes les plus fortes jamais engagées sur le Tour de France, avec quatre coureurs capables de terminer sur le podium (Contador, Armstrong, Kloden, Leipheimer). Il faudrait un concours de circonstances favorables pour qu'un leader d'une autre équipe parvienne à ramener le maillot jaune à Paris.

Mais ce ne serait pas la première fois dans l'histoire du Tour qu'une équipe divisée perdrait la course pour n'avoir pas su s'entendre.