Mike Tomlin est déjà le plus jeune entraîneur-chef à avoir gagné le Super Bowl. Il sera également le deuxième plus jeune si les Steelers l'emportent, demain. Pourtant, la décision de l'embaucher ne faisait pas l'unanimité, en 2007.

«Il y avait beaucoup de sceptiques. Il n'avait jamais été un entraîneur-chef, et on possédait quelques bons candidats à l'interne. On croyait que Ken Whisenhunt ou Russ Grimm obtiendrait le poste», a raconté Brett Keisel.

C'est finalement une rencontre avec le propriétaire de l'équipe qui a convaincu l'ailier défensif de laisser une chance au coureur. «J'étais dans notre cafétéria un jour, et Dan Rooney m'a demandé si j'avais rencontré le nouvel entraîneur-chef. Il m'a dit que je l'aimerais beaucoup, et il avait raison.»

La transition n'a cependant pas été facile. Bill Cowher dirigeait les Steelers depuis 15 ans et il comptait sur des appuis indéfectibles dans le vestiaire. «Lorsqu'il est arrivé, plusieurs joueurs voulaient continuer de faire les choses à la manière de Cowher. Mike était donc très autoritaire, il voulait voir qui le défierait, puis il s'est départi de quelques joueurs. C'est son équipe à présent», a expliqué Hines Ward.

«Après une ou deux saisons, il est devenu moins exigeant et il nous a donné un peu plus de latitude. Les joueurs aiment jouer pour lui, c'est un vrai professionnel, qui est toujours dans notre coin», a dit Ward.

On a vu un bel exemple de cette loyauté cette semaine. Lorsque certains journalistes ont voulu faire tout un plat avec la présence de Ben Roethlisberger dans un restaurant et une boîte de nuit, Tomlin s'est vite porté à sa défense. «Ça ne me dérange pas du tout. Croyez-le ou non, nos joueurs mangent de temps en temps. Et ça vous surprendra peut-être, mais ils ont une vie à l'extérieur du football», a-t-il lancé.

Une étoile est née

La décision de Tomlin de garder les coordonnateurs Dick LeBeau et Bruce Arians en poste lorsqu'il est arrivé à Pittsburgh en a surpris plusieurs. «Si elle fonctionne, pourquoi changerait-on la recette? Notre formule a fait ses preuves et je n'avais pas une philosophie que je tenais à imposer. Ce qui m'intéressait, c'était de poursuivre la tradition d'excellence des Steelers.»

«Les entraîneurs-chefs de 34 ans qui accepteraient de garder un coordonnateur défensif de 70 ans et un coordonnateur offensif dans la cinquantaine sont rares», a souligné Arians, qui a vite été impressionné par son jeune patron.

«Comme bien des gens, j'ai constaté qu'il deviendrait une étoile. On peut difficilement décrire ce qu'il apporte à une équipe: intelligence, leadership, force de caractère... Il a presque le même âge que ses joueurs, alors sa relation avec eux est excellente.»

Tomlin n'a jamais songé un seul instant à remplacer LeBeau, même s'ils ne partageaient pas les mêmes concepts défensifs. C'est peut-être parce qu'il connaissait déjà l'homme.

«J'avais 25 ou 26 ans et j'étais entraîneur à l'Université de Cincinnati, et Dick était à l'emploi des Bengals. Je passais souvent par leurs bureaux afin d'aller voir les matchs des Reds. Je le rencontrais de temps à autre, et sa gentillesse et sa façon d'accueillir un jeune entraîneur inconnu

m'impressionnaient énormément.»