L'un est vieux, l'autre est jeune. L'un adore lancer le ballon sans arrêt, l'autre adore en faire juste assez. L'un est spectaculaire et l'autre, pas du tout.

Mesdames et messieurs, Kurt Warner et Ben Roethlisberger.

Dimanche soir, deux quarts bien différents vont se faire face dans le cadre du 43e Super Bowl à Tampa. Deux quarts qui vont sauter sur le terrain avec un même but en tête: décrocher leur deuxième bague de championnat.

«C'est bien d'être de retour au Super Bowl, on ne sait jamais quand on aura la chance d'y revenir, a déclaré Kurt Warner il y a quelques jours. Je n'ai toujours pas digéré ma défaite avec les Rams face aux Patriots (en 2002)... Croyez-moi, je sais qu'il faut profiter de sa chance quand elle passe.»

Comme Warner, Roethlisberger va se présenter sur le terrain avec l'assurance de celui qui a déjà été là. Son Super Bowl, il l'a obtenu il y a trois ans, avec une équipe qui avait pris tout le monde par surprise. Mais les souvenirs de ce 40e Super Bowl ne sont peut-être pas aussi bons qu'il le voudrait; face aux Seahawks de Seattle, Roethlisberger n'avait complété que neuf passes en 21 tentatives...

«Je me souviens que j'étais nerveux et anxieux cette fois-là à Detroit, a raconté le quart des Steelers la semaine dernière. Est-ce que je veux me racheter? Bien sûr que oui. Il faut toujours savoir profiter de sa deuxième chance.»

À l'image des quarts, Cards et Steelers sont aussi bien différents. En fait, on pourrait parler de deux philosophies. Les Cards, c'est avant tout Warner et ses petits amis receveurs, des gars qui se nomment Larry Fitzgerald, Anquan Boldin et Steve Breaston. Les trois ont conclu la saison avec plus de 1000 verges de gains, et Warner, à 37 ans, s'est permis une saison de 4583 verges, pour aller avec une cote d'efficacité de 96,9, la troisième du circuit.

Chez les Steelers, on ne travaille pas de la même façon. Si les Cards sont des artistes, les Steelers sont des plombiers. Dans le camp noir et jaune, on ne demande pas à Ben Roethlisberger d'obtenir 300 verges de gains chaque match, on ne lui demande pas de lancer trois passes de touché chaque dimanche.

Ce qu'on lui demande, c'est de faire gaffe. De faire avancer les siens sans prendre de risques inutiles, en laissant la défense s'occuper du reste.

«Dans cette équipe, tout le monde se complète, a expliqué le quart des Steelers la semaine dernière. L'attaque complète la défense, qui complète les unités spéciales. C'est ce qui est bien avec nous; on forme un tout, et chacun connaît son rôle.»

Les deux quarts ont eu des parcours bien différents aussi. Roethlisberger, c'est celui qui ne pouvait pas rater son coup, celui qui fut choisi 11e au repêchage de 2004, le troisième quart à être sélectionné après Eli Manning et Philip Rivers cette année-là.

Kurt Warner? On connaît bien son passé de gars qui ne devait même pas être là. De gars qui a joué pour des équipes aussi prestigieuses que les Admirals d'Amsterdam ou les Barnstormers de l'Iowa. Tout ça avant d'atterrir, comme par magie, sur la planète NFL il y a déjà 11 ans.

Warner, c'est aussi l'homme qui n'était pas assez bon pour les Rams de St. Louis, qui ont été obligés de se tourner vers lui quand leur quart numéro un est tombé au combat. C'est celui qui n'était pas assez bon pour les Giants de New York, qui l'ont tassé assez vite pour faire toute la place à Eli.

C'est enfin celui qui devait se contenter d'un rôle de réserviste derrière le jeune Matt Leinart en Arizona...

«Mais j'ai toujours su que je pouvais jouer dans cette ligue si on m'en donnait la chance, a-t-il dit la semaine dernière. Je n'ai jamais eu l'impression que j'étais moins efficace qu'avant. Les joueurs autour de moi savent que je suis encore capable d'offrir des performances de haut calibre.»

Deux philosophies, donc. Et deux destins. Warner s'est présenté en séries à la tête d'un club que personne, mais personne, n'avait vu venir. Les Cards de l'Arizona, à la surprise générale, ont tour à tour triomphé des Falcons d'Atlanta, des Panthers de la Caroline et des Eagles de Philadelphie en janvier.

Les voici à Tampa pour le premier Super Bowl de leur douloureuse existence...

«C'est excitant de faire partie d'une équipe qui n'a jamais fait ça auparavant, a avoué Kurt Warner il y a quelques jours. Plus personne ne voit en nous une équipe de perdants. Ça me rappelle les Rams de 1999... Dans les deux cas, on parle d'équipes qui ont surpris tout le monde.»

Le cas des Steelers est moins surprenant. Ils ont présenté le deuxième meilleur dossier de la Conférence américaine et la meilleure défense du football américain. C'est aussi la tradition. Déjà cinq titres au compteur, et peut-être ce soir un sixième, du jamais vu dans la NFL.

«J'aimerais pouvoir donner un sixième Super Bowl à la famille Rooney et à nos fans, a expliqué Roethlisberger. J'ai toujours cru qu'on avait les meilleurs fans au monde, et un sixième Super Bowl, ce serait tout simplement incroyable.»

La suite dimanche soir.