Gilles Taillon demeure finalement candidat à la direction de l'ADQ. Mais il délègue son équipe pour faire campagne à sa place de façon à pouvoir consacrer ses énergies au combat contre le cancer. «Bizarre», dit son adversaire Éric Caire, qui protestera auprès des hautes instances du parti.

Le député de La Peltrie dit qu'il aurait lui-même choisi de se retirer de la course dans pareille situation. Il demandera au président du comité électoral, Pierre Éloi Talbot, de vérifier si M. Taillon peut rester dans la course sans faire campagne. Joint par La Presse, M. Talbot a indiqué que Gilles Taillon ne viole aucune règle.M. Taillon a choisi d'annoncer sa décision mercredi à l'émission de Jean-Luc Mongrain, sur les ondes de LCN. «Je laisse mon nom comme candidat dans la course», a-t-il lancé.

Vendredi, l'ex-député de Chauveau a appris que son cancer de la prostate, qu'il avait combattu en 2005, refait surface. Il devra recevoir des traitements préventifs de radiothérapie à compter de la fin du mois, pendant sept ou huit semaines. Les chances de guérison sont bonnes.

«Le médecin m'a dit: «ne remettez pas tout en question. Dans quelques mois, vous allez être en parfaite forme»», a dit M. Taillon, qui a songé à abandonner la course, mais qui a finalement décidé de ne pas «laisser passer l'occasion d'être chef» de son parti parce qu'il a «momentanément» une maladie.

Le temps qu'il se rétablisse, Gilles Taillon restera en retrait, mais les coprésidents de sa campagne, François Bonnardel et Linda Lapointe, feront une tournée du Québec. M. Taillon participera toutefois aux deux débats organisés par l'ADQ d'ici la fin de la course, le 23 septembre à Bécancour et le 5 octobre à Montréal.

L'ancien numéro deux du parti reconnaît que «ce n'est pas l'idéal» qu'un candidat s'absente ainsi. «Mais je pense qu'il y a une bonne partie de la campagne qui est faite. Taillon est un gars connu, et ma plateforme a été rendue publique.»

«Moi, je me serais retiré», a affirmé de son côté Éric Caire, lors d'une conférence de presse sur ses engagements concernant les familles. «Pour moi, un chef, il est en avant de ses troupes, il n'est pas en arrière. Il est sur le dessus de la barricade, pas dans la pièce à côté.» Selon lui, «la capacité de relancer le parti», qui gît actuellement «aux soins intensifs», serait «lourdement hypothéquée» si M. Taillon était élu le 18 octobre et n'occupait ses fonctions qu'en décembre.

Questionné pour savoir si M. Taillon a cherché à tirer profit de son état de santé à des fins politiques au cours des 48 dernières heures, il a répondu: «Peut-être, je ne sais pas. Est-ce qu'il y a eu là-dedans un appel aux appuis? Je ne sais pas. Mais c'est une excellente question à poser à M. Taillon.»

«Quelle arrogance et quel manque de respect!» a répliqué François Bonnardel. Il assure que M. Taillon n'a jamais tenté de tirer profit de son état de santé.