Le député libéral de Beauséjour, Dominic LeBlanc, sera candidat dans la course à la direction du Parti libéral.

Parfaitement bilingue, ce jeune député acadien devient ainsi le premier à plonger dans la course à la succession de Stéphane Dion.

M. LeBlanc a confirmé à La Presse ses intentions de se lancer dans cette course pour diriger le Parti libéral, le parti politique qui a connu le plus de succès sur le plan électoral dans tout l'Occident.

Les autres candidats potentiels - les députés libéraux de la région de Toronto Michael Ignatieff et Bob Rae, l'ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick Frank McKenna, l'ancien ministre des Affaires étrangères John Manley, l'ancien ministre de la Justice Martin Cauchon et l'ancien ministre de l'Immigration Denis Coderre -, devraient confirmer leurs intentions au cours des prochaines semaines. Plusieurs d'entre eux attendent de connaître les modalités de la course fixées par le comité exécutif du parti. Ce comité doit se réunir les 8 et 9 novembre.

En entrevue, M. LeBlanc a affirmé que le Parti libéral doit se renouveler sur plusieurs fronts pour obtenir à nouveau l'appui des Québécois francophones, des gens qui vivent dans les régions rurales du pays et de la classe moyenne.

Fils de l'ancien gouverneur général Roméo LeBlanc, il croit pouvoir être le pont à la fois entre les francophones et les anglophones au pays et entre les différentes générations qui souhaitent de nouvelles idées.

La place du Québec

Avocat de formation, M. LeBlanc baigne donc dans la politique depuis sa jeunesse et connaît bien le Parti libéral. L'une de ses priorités durant sa campagne sera de s'assurer que le Québec occupe toute la place qui lui revient au sein du PLC.

«Le renouveau de notre parti et notre capacité de former la prochaine génération de gouvernements libéraux passent par une ouverture et un engagement ferme envers le Québec francophone», a affirmé d'emblée M. LeBlanc en entrevue.

«Il faut convaincre les Québécois que le Parti libéral peut redevenir ce puissant véhicule de leurs aspirations, de leurs talents, de leur désir de participer dans la construction du Canada. Je reconnais le travail que nous avons à faire pour convaincre les Québécois et les francophones des autres régions du Canada. Mais nous avons le devoir de retourner à nos racines québécoises et de réanimer cette fierté que les Québécois francophones devraient avoir pour le Parti libéral», a-t-il ajouté.

«Je ne suis pas naïf. Il n'y a pas de solutions magiques. Ça prendra du temps. Et ça prendra aussi une nouvelle énergie, de nouvelles idées et l'enthousiasme de ma génération si on veut réussir à vraiment mériter un gouvernement libéral aux prochaines élections», a-t-il dit.

M. LeBlanc a dit avoir appris de son père, qui a été secrétaire de presse de deux anciens premiers ministres - Lester B. Pearson et Pierre Trudeau - et qui a été ministre des Pêches dans le gouvernement Trudeau, l'importance d'un Québec fort au sein du Canada pour l'avenir du peuple acadien.

«Mon père m'a toujours enseigné l'importance du Québec et de la participation du Québec au Canada pour les Acadiens. Sans le Québec, nous ne serions pas aussi fiers en tant que francophones au Nouveau-Brunswick que nous le sommes aujourd'hui. Si nous n'avions pas eu la générosité des Québécois, comme les pères Sainte-Croix qui sont venus enseigner le français à mon père au collège de Memramcook par exemple, les Acadiens n'auraient jamais pu garder leur langue et leur culture», a-t-il affirmé.

«Il n'y a pas de doute qu'en tant qu'Acadien, j'admire énormément le Québec et la société québécoise. C'est le foyer principal des francophones en Amérique du Nord. Et un Québec fort, un Québec dynamique est essentiel non seulement pour les Acadiens comme moi, mais je crois aussi pour l'ensemble du Canada. Le Québec a toujours été un modèle à bien des égards dans le domaine des politiques sociales et des politiques économiques», a-t-il ajouté.

Tourner la page

Chose certaine, M. LeBlanc pourrait être le candidat capable de tourner définitivement la page sur les années de friction entre les partisans de Jean Chrétien et ceux de Paul Martin. Et il pourrait aussi rallier à sa cause les jeunes militants libéraux désirant donner un nouveau souffle au Parti libéral.

Le jeune député jouit d'ailleurs de l'appui d'une brochette intéressante de libéraux influents qui ont joué un rôle dans le gouvernement de Jean Chrétien et dans celui de Paul Martin. Il y a notamment le sénateur Percy Downe, qui a été chef de cabinet de Jean Chrétien après le départ de Jean Pelletier, Tim Murphy, qui a été chef de cabinet de Paul Martin lorsqu'il était premier ministre, et Scott Reid, un proche collaborateur de M. Martin. Il a aussi l'appui de Cyrus Reporter, un jeune avocat qui a été chef de cabinet de l'ancien ministre libéral Allan Rock, aujourd'hui recteur de l'Université d'Ottawa, et de Robert Asselin, qui a travaillé dans les gouvernements Chrétien et Martin.

M. LeBlanc compte être candidat même si Frank McKenna décide de plonger dans la course. «Je crois que j'ai quelque chose à offrir en termes de nouvelles idées. Si on veut reconstruire le Parti libéral et devenir premier ministre, on ne donne pas normalement un veto à un autre candidat», a-t-il dit.