Un étudiant torontois qui soutient avoir été brutalisé par des agents de la paix au sommet du G20 a intenté une poursuite civile de 250 000$ contre la police de Toronto. Son arrestation aurait été si violente qu'il a eu un bras cassé et un oeil tuméfié.

La conduite des six policiers impliqués a été «autoritaire, criminelle, gratuite et inhumaine», plaident les avocats du jeune homme dans une requête déposée la semaine dernière à la Cour supérieure de Toronto.

L'affaire s'est déroulée le 26 juin dans Queen's Park, au centre-ville de Toronto. Dorian Barton, 29 ans, est arrivé vers 16h30 pour prendre quelques photos des policiers et des manifestants. «J'étais là par curiosité, et non pour manifester», a dit le jeune homme, joint hier à Toronto.

Une demi-heure plus tard, les policiers auraient foncé vers les manifestants sans aucun avertissement. Dorian Barton soutient qu'un agent l'a frappé avec son bouclier.

«Les policiers ont sauté sur lui quelques secondes plus tard, peut-on lire dans la requête. Ils l'ont frappé au visage et ils ont marché sur ses mains et sur ses pieds.» Ils l'auraient ensuite jeté dans un fourgon cellulaire.

Les mains attachées derrière le dos, Dorian Barton a été transporté dans un centre de détention. Il soutient avoir attendu cinq heures avant d'être conduit à l'hôpital. «Je n'ai jamais souffert à ce point.»

Après sa visite à l'hôpital, les policiers l'ont conduit au centre de détention, où il est resté neuf heures de plus.

Le lendemain, Dorian Barton a dû se rendre au palais de justice pour y être accusé d'entrave à un agent de la paix et d'attroupement illégal. Ces accusations ont par la suite été retirées.

En juin, Dorian Barton a porté plainte à l'Unité des enquêtes spéciales (UES), l'organisme de Toronto chargé d'enquêter sur les opérations policières qui ont causé des morts ou des blessures sérieuses. L'UES a fermé son dossier en novembre, arguant qu'il manquait de preuves. Les policiers impliqués dans l'arrestation n'avaient pu être identifiés.

Nouvelles photos

Dorian Barton a en main de nouveaux éléments de preuve pour identifier les policiers. Peu avant Noël, un citoyen qui avait entendu parler de son histoire dans les médias lui a envoyé des photos de son arrestation.

«Ces nouvelles photos m'ont incité à intenter des poursuites judiciaires» a dit M. Barton. Ses avocats, Brian Shiller et Clayton Ruby, ont également soumis un nouveau dossier à l'Unité des enquêtes spéciales, qui s'est engagée à réétudier son cas.

À ce jour, deux demandes d'autorisation pour exercer un recours collectif ont été déposées en Ontario. Une poignée de manifestants, dont la Montréalaise Nathalie Gray, ont intenté des poursuites civiles en leur nom.

Selon la Convergence des luttes anticapitalistes, parmi les Québécois arrêtés en juin (entre 300 et 500, selon les évaluations), une centaine ont été accusés. Les accusations ont été maintenues contre seulement six d'entre eux. Les procès devraient avoir lieu entre le mois d'avril prochain et la fin de 2012.

La police de Toronto n'a pas rappelé La Presse.