Les jeunes gens qui sont allés manifester à Toronto lors du sommet du G20 voulaient «passer aux nouvelles», «être vus» et «perturber le sommet», a avancé mercredi le député conservateur albertain Brent Rathgeber.

M. Rathgeber a participé cette semaine à Ottawa aux premières séances d'un comité parlementaire sur la sécurité au sommet du G20. À l'initiative du NPD, ce comité entendra jusqu'au mois de décembre les différents acteurs du sommet dans le but de faire des recommandations.

Mercredi, les députés ont entendu les témoignages de Jacinthe Poisson et Wissam Massour, deux Québécoises arrêtées le 27 juin dans le gymnase de l'Université de Toronto et détenues dans des conditions troublantes.

Pendant la période des questions, le conservateur Brent Rathgeber a vraisemblablement cherché à miner leur crédibilité. «Quel était votre but ultime? a-t-il demandé. Croyiez-vous que vous auriez un effet sur le résultat du sommet? Que les chefs du G20 seraient tellement touchés par votre manifestation qu'ils changeraient de politique?»

Visiblement déconcertée, Jacinthe Poisson a répondu calmement qu'elle voulait simplement exprimer ses opinions politiques.

M. Rathgeber est revenu à la charge. Votre but était de «renverser le gouvernement Harper? a-t-il demandé. De renverser le capitalisme?» Il a même demandé aux jeunes femmes si leur but était de «voir le président Obama».

L'attitude de Brent Rathgeber a choqué Jacinthe Poisson. «Les députés conservateurs cherchaient uniquement à nous discréditer, a résumé l'étudiante en sciences politiques et en droit, âgée de 21 ans. Je me sentais dans un interrogatoire policier.»

Le gouvernement conservateur a raté une belle occasion d'adoucir sa position quant aux injustices survenues au sommet du G20, selon Émilie Guimond-Bélanger, déléguée du Regroupement des arrêtés du G20, qui regroupe une quarantaine de personnes.

Elle rappelle que, à la mi-octobre, la Couronne ontarienne a retiré les accusations qui pesaient contre 92% des 1110 personnes arrêtées au sommet.

«Chiffres à l'appui, nous sommes en droit de conclure qu'il y a eu des arrestations arbitraires, mais les conservateurs ne s'en préoccupent pas», a-t-elle déploré.

Par ailleurs, les nombreuses arrestations préventives faites en marge du sommet du G20 ont fait l'objet d'une audience de la Commission interaméricaine des droits de l'homme de l'Organisation des États américains, lundi à Washington.

Trois organisations de défense des droits civils, dont la Ligue des droits et libertés, ont dénoncé les agissements des autorités canadiennes, appuyant leurs propos d'une trentaine de témoignages. La Commission pourra éventuellement faire des recommandations au Canada.