Les policiers de Toronto s'attendent à une autre journée de grabuge dans la Ville reine, alors que se tient le Sommet du G20.

«Il y aura davantage de violence dimanche, parce qu'ils (les casseurs) n'ont pas encore atteint leurs objectifs», a dit à la CBC le chef de police de Toronto, Bill Blair.

Hier et la nuit dernière, pas moins de 480 arrestations ont eu lieu. En ville, au moins quatre voitures de police ont été incendiées par des individus vêtus de noir et des vitrines de magasins ont été fracassées.

Une bonne partie de la nuit, policiers et manifestants ont joué au chat et à la souris. À un moment donné, selon ce qu'a appris La Presse, on a même demandé du renfort aux policiers de la Sûreté du Québec, qui jouent ici un rôle secondaire d'appui. Cette demande d'aide a par la suite été annulée vers 5h ce matin, après que les forces locales eurent repris le contrôle des rues.

Le maire de Toronto, David Miller, a exprimé son soutien aux policiers et qualifié de «voyous» les fauteurs de troubles. «Ils se prétendent manifestants. Ce n'est pas juste pour ceux qui sont venus manifester.»

On compte plusieurs blessés mineurs. Personne n'a dû être hospitalisé, selon un porte-parole policier, Tim Burrows.

Ce matin, les rues sont tranquilles.

En ville, au coin des rues King et Bay, sur l'édifice de la Banque de Montréal, on peut lire ce graffiti: «Bomb the banks» (Bombardez les banques). Un autre, moins violent, s'est contenté d'écrire «F-ck the banks».

Dans la foule de manifestants, estimée à environ 10 000 têtes, les slogans étaient on ne peut plus divers: «État policier», pouvait-on lire sur des pancartes ou encore «G20 Fascisme».

Joseph Landau, lui, était venu manifester contre les programmes d'ajustement structurel imposé aux pays pauvres. «Je suis mal à l'aise de voir certaines causes défendues ici», a-t-il dit.

Au coin de Richmond et Spadina, des manifestants ont tenu les policiers en haleine pendant au moins une heure hier. «J'habite à un coin de rue et je ne veux qu'on s'en prenne à ma maison», a lancé Adam Wheller.

M. Wheller, comme d'autres, trouvaient les policiers sur la première ligne plutôt sympathiques. Plusieurs se sont même faits prendre en photo avec eux et les manifestants en arrière-plan. «On se croirait dans Star Wars», a dit l'un d'eux, commentant le look des policiers.

À un moment, les nombreux curieux ont été forcés de reculer quand de la fumée a été vue du côté des manifestants. «Ce n'est pas nous, c'est eux (qui ont utilisé l'objet incendiaire)», a dit un policier à La Presse.

«Une gifle en pleine face»

Une nouvelle mesure controversée qui augmente les pouvoirs des policiers attendait les manifestants. «C'est une gifle en pleine face», a résumé Mahmood Khan, du syndicat des Travailleurs unis de l'auto, rencontré ce matin en face de l'Assemblée législative ontarienne.

Ce qui enrage M. Khan et de nombreux autres manifestants, ce sont de nouveaux pouvoirs accordés aux policiers à la veille de ce sommet. Une mesure «indigne de notre communauté», insiste M. Khan.

En vertu de celle-ci, les policiers peuvent, sans mandat, fouiller les manifestants, leur demander une pièce d'identité ou leur interdire l'entrée sur les lieux protégés. Ces pouvoirs s'inspirent d'une loi de 1939 sur la protection des travaux publics. Les clôtures de sécurité sont désormais couvertes par cette loi. Quiconque s'en approche à moins de cinq mètres peut donc faire l'objet d'une fouille.

-Avec PC

Photo: David Boily, La Presse