Le premier ministre britannique David Cameron appelle le G8 et le G20 à passer à l'action, suggérant que les deux instances, qui se réunissent de vendredi à dimanche au Canada, sont devenus des «grands salons où l'on cause».

M. Cameron, dont ce seront les premiers sommets depuis son arrivée au pouvoir en mai, estime que les réunions des principaux dirigeants du monde n'apportent pas de résultats «à la mesure de l'éclat» qui les entoure.

Le chef du gouvernement britannique, qui doit avoir des entretiens bilatéraux avec les présidents américain Barack Obama, russe Dmitri Medvedev et chinois Hu Jintao, s'exprime dans un texte à paraître dans le quotidien de référence canadien Globe and Mail.

«Je vais aux G8 et G20 à Muskoka et Toronto avec l'objectif de faire en sorte que ces sommets apportent des résultats pour les gens», écrit-il.

«Il arrive trop souvent que ces réunions internationales n'apportent pas de résultats à la mesure de leur éclat et des promesses qui y sont faites», même si «de bonnes intentions sont mises en commun lors d'entretiens constructifs».

«Puis, ces intentions semblent rarement produire des résultats à travers une action globale réelle, tangible. Et quand nous nous retrouvons un an plus tard, nous constatons que les choses n'ont pas vraiment bougé».

«Donc, le défi pour les G8 et G20 à venir est d'être plus que de grands salons où l'on cause», résume David Cameron, avant d'appeler ses pairs à se concentrer sur les «priorités clés».

Il leur demande notamment de dresser des plans pour «arriver à contrôler les finances nationales» tout en appelant à la «flexibilité» en fonction des situations nationales particulières.

Au cours d'un entretien avec les journalistes qui l'accompagnent dans son voyage, le nouveau premier ministre britannique a assuré que les sommets du week-end ne seraient «pas axés sur une dispute concernant la politique budgétaire».

«Nous sommes tous d'accord sur la nécessité d'un assainissement budgétaire. Pour moi, ce G20 doit mettre l'économie mondiale sur la voie d'une reprise irréversible», a-t-il ajouté.

Plusieurs pays européens, dont le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne, veulent couper dans leurs dépenses publiques, alors que les Américains craignent que des réductions budgétaires trop rapides menacent le début d'une reprise encore fragile.

M. Cameron a réaffirmé son soutien à une taxe bancaire, mais reconnu que «cette approche ne convient pas nécessairement à tous». Il s'est aussi prononcé en faveur d'un renforcement des fonds propres et de l'amélioration de la liquidité des banques, tout en souhaitant que les banques soient encouragées à faire davantage crédit aux entreprises.

Londres, Paris, Berlin et Washington ont publiquement invité le G20 à accepter une taxe bancaire, mais le Canada, pays hôte, ainsi que la Russie, la Chine, l'Inde et l'Australie y sont opposés.

Le premier ministre appelle aussi à «une nouvelle approche» et «un leadership politique renouvelé» pour relancer le commerce mondial alors que les négociations dites de Doha sont bloquées depuis longtemps.

Cette approche pourrait, selon lui, se traduire par des avancées ponctuelles plus rapides sur l'ouverture des marchés de services de certains pays aux entreprises étrangères ou sur la suppression complète des droits de douane pour les exportations de pays en développement.

Un porte-parole de M. Cameron a précisé que cette vision des choses s'accompagnait pour Londres d'un intérêt accru pour le commerce bilatéral. «Doha est toujours notre priorité, mais on peut faire autre chose entre temps», a-t-il dit.