Drames familiaux, violence au hockey, divorce coûteux et frasques de vedettes ont occupé les magistrats dans les palais de justice en 2009 et continueront de le faire en 2010. Bilan d'une année judiciaire mouvementée.

Enfants victimes de drames familiaux

Au tout début de 2009, toute la province a été secouée par le drame qui s'est joué chez Cathie Gauthier et son mari, Marc Laliberté. Aux prises avec de graves difficultés financières, ils ont fait un pacte de suicide dans lequel ils avaient planifié d'entraîner dans la mort leurs trois enfants: Joëlle (12 ans), Marc-Ange (7 ans) et Louis-Philippe (4 ans). La femme de 35 ans est la seule à avoir survécu. À son procès, au mois d'octobre, elle a tenté de faire porter le blâme à son défunt mari. Le jury ne l'a pas crue et l'a reconnue coupable du meurtre prémédité de ses trois enfants.

 

En février, tout le Québec a vu la photo en noir et blanc des visages souriants d'Anne-Sophie et Olivier Turcotte, âgés respectivement de 3 et 5 ans. Leur père, le cardiologue Guy Turcotte, est accusé de les avoir poignardés à mort à Piedmont, dans les Laurentides. Il n'aurait pas accepté une récente séparation. Il subira son enquête préliminaire au début de l'an prochain.

En mars, à Sherbrooke, une femme d'affaires de 43 ans, Sylvie Laneuville, a abattu son fils de 9 ans, Jérom, avant de s'enlever la vie. Le même mois, une agente immobilière de Laval, Adèle Sorella, aurait assassiné ses deux filles, Sabrina et Amanda De Vito (8 et 9 ans). Les enfants ont été trouvées sans vie dans leur résidence cossue du quartier Duvernay. Le père des fillettes, Giuseppe De Vito, serait un membre de la mafia du clan Rizzuto. En cavale depuis trois ans, il est recherché dans le cadre de l'opération Colisée. Accusée du double meurtre prémédité, sa femme de 43 ans est en attente de son procès.

Des vedettes menottes aux poings

Michèle Richard. Jean-François Harrisson. Tony Conte. Quelques vedettes de la colonie artistique québécoise ont défilé devant les tribunaux cette année pour diverses accusations criminelles.

«Histoire cousue de fil blanc», «invraisemblable», «rocambolesque» et «farfelue», le juge Jean Sirois n'était pas à court d'adjectifs, en septembre dernier, pour souligner à quel point il n'avait pas cru le témoignage de la chanteuse Michèle Richard durant son procès pour conduite avec facultés affaiblies. C'était la troisième fois que la vedette de 63 ans était accusée d'infractions similaires, mais la première fois qu'elle était condamnée. Au moment de son arrestation, elle avait déclaré: «S'il vous plaît, arrêtez, savez-vous ce que cela va faire dans tout le Québec? Savez-vous que la Terre va trembler?»

Le comédien et idole des adolescents Jean-François Harrisson a été arrêté en mars dernier et accusé de possession et de distribution de pornographie juvénile. L'artiste de 34 ans et père de famille a plaidé non coupable. Il a retrouvé sa liberté moyennant une caution de 2000$. Cette vedette de VRAK.TV reviendra en cour au mois d'avril pour son enquête préliminaire.

L'acteur Tony Conte, arrêté l'an dernier, n'a toujours pas réglé ses démêlés avec la justice. Celui qui a notamment joué dans la populaire série Omertà est soupçonné d'avoir, avec deux complices, aidé des narcotrafiquants mexicains à faire l'acquisition de 100kg de cocaïne à Montréal. Les trois hommes, qui ont renoncé à leur enquête préliminaire ce mois-ci, reviendront devant le tribunal en janvier.

Les Brésiliennes qui se battent pour des millions

«Lola», une mère de famille d'origine brésilienne, est devenue le symbole d'une cause en 2009: celle des conjoints de fait. Au mois de juillet, cette ancienne compagne d'un riche homme d'affaires québécois a toutefois échoué à faire invalider les dispositions du Code civil du Québec qu'elle jugeait «discriminatoires». Du coup, elle ne touchera pas la somme forfaitaire de 50 millions de dollars ni la pension alimentaire de 56 000$ par mois qu'elle demandait pour elle-même. Si elle avait eu gain de cause, l'impact aurait été majeur au Québec, où le tiers des couples vivent en union de fait. «Lola», 34 ans, ne s'avoue toutefois pas vaincue. Elle portera la cause en appel et ira jusqu'en Cour suprême s'il le faut, selon son avocate, Me Anne-France Goldwater.

Une autre Brésilienne, Amanda Rodrigues, veuve du boxeur millionnaire Arturo Gatti, est au centre d'un feuilleton judiciaire qui l'oppose à la famille Gatti. Le boxeur montréalais de 37 ans est mort pendu dans une station balnéaire brésilienne le 11 juillet dernier. La famille Gatti refuse de croire qu'il s'est suicidé. Devant la Cour supérieure, la famille tente de faire invalider le testament du boxeur, qu'il a modifié trois semaines avant sa mort pour faire de sa jeune femme sa légataire universelle. La fortune du boxeur est évaluée à 7 ou 8 millions. Mme Rodrigues serait indigne d'hériter parce qu'elle aurait manipulé le défunt, selon la famille Gatti. Le feuilleton se poursuivra en 2010. Le rapport de la seconde autopsie pratiquée au Québec à la demande de la famille n'a toujours pas été rendu public.

Hockeyeurs au banc des accusés

C'est un Jonathan Roy repentant qui s'est présenté au palais de justice de Chicoutimi au mois d'octobre pour plaider coupable à une accusation de voies de fait contre le gardien de but adverse lors d'un match de la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). L'ex-hockeyeur devenu chanteur s'est évité un casier judiciaire.

Le fils du célèbre gardien de but Patrick Roy a obtenu une absolution inconditionnelle pour le geste hypermédiatisé qu'il a commis durant une bagarre générale entre les Remparts de Québec et les Saguenéens de Chicoutimi en mars 2008. Il avait roué de coups le gardien no 1 des Saguenéens, Bobby Nadeau, lequel n'a pas riposté pour éviter d'être expulsé du match. Avec le recul, le jeune homme a dit qu'il aurait préféré se battre ce soir-là plutôt que de passer pour un peureux devant tout le Québec. Les images de l'agression avaient été diffusées en boucle sur tous les réseaux de télévision.

Au terme d'un procès moins médiatisé mais tout aussi intéressant, en septembre dernier, un autre hockeyeur de la LHJMQ a été reconnu coupable de voies de fait armées pour un geste commis sur une patinoire de Montréal. Durant une mêlée générale, ce joueur - mineur au moment des faits - a asséné un coup de bâton au visage d'un joueur adverse qui refusait de se battre. «L'aréna n'est pas un sanctuaire où la loi ne s'applique pas», a rappelé le juge Jacques A. Nadeau.