Un an après avoir éclaté à la face du monde, le Jamaïcain Usain Bolt a confirmé cette année que l'athlétisme est entré dans une nouvelle ère: l'ère Bolt.

Dire qu'il a pris sa place parmi les légendes de son sport en deux étés serait exagéré. Mais annoncer qu'il a déjà écrit à 23 ans l'une des plus belles et plus importantes pages de l'histoire de sa discipline semble une évidence.

2008, le «Nid d'oiseau» des JO de Pékin: Bolt prend son envol et remporte les titres olympiques sur 100 m, 200 m et le relais 4x100 m avec autant de records du monde à la clé.

2009, stade olympique de Berlin, celui des JO de 1936: sans rival sur la piste et grandissime favori, il poursuit ses courses contre la montre, sur 100 m (record du monde 9:58 contre 9.69) et sur 200 m (19.19 contre 19.32 aux JO). Le relais -- sans record -- est une formalité.

Les soirées de M. l'Ambassadeur

Mais sa saison 2009 ne se limite pas à ce rendez-vous berlinois.

Entre sa rentrée en février et sa fin de saison en septembre, il enfile les pointes à trente-deux reprises.

Résultat: il finit l'année avec quatre des sept meilleurs chronos sur 100 m, trois des quatre meilleurs sur 200 m. Sur la ligne droite, il possède quatre des sept courses les plus rapides de l'histoire et a couru trois fois sous les 19 sec 60 sur 200 m cette saison, chrono que deux athlètes seulement (Michaël Johnson et Tyson Gay) ont atteint dans leur carrière... mais à une seule reprise.

Devenu un phénomène sur les pistes, l'élève de Glen Mills l'est aussi devenu en dehors.

A Ostrava (République tchèque), il reçoit les clés de la ville. A Zurich (Suisse), il joue les DJ dans la gare pendant que son image en carton placée sur des rails affronte le public sur 100 m en... 9.58. En novembre, les autorités jamaïcaines le nomment «Ambassadeur permanent».

Ses faits et gestes sont aussi décortiqués. En avril, une déclaration maladroite sur la marijuana le contraint à présenter des excuses embarrassées. Quelques jours plus tard, sa voiture fait une embardée. Son accident, finalement sans gravité, inquiète tout un peuple.

Un mot pour Thierry Henry

On lui demande même son avis sur la main de Thierry Henry contre l'Irlande. «Je ne sais pas comment je réagirais si j'étais placé dans la même situation», explique honnêtement ce fan de Manchester United, fier d'avoir donné des conseils de course, au printemps dernier, à son idole Cristiano Ronaldo.

D'un naturel décontracté et souriant, Bolt est resté un «gamin». Dans les stades, il gratifie chacune de ses sorties de grimaces, de danses, de singeries et... de chronos qui ravissent le public.

Et en dehors, son goût de la fête ne se dément pas.

Pour fêter ses succès aux Mondiaux, il enflamme la nuit berlinoise en devenant DJ. La musique, notamment le rap, est sa grande passion. Tout l'automne, il organise en Jamaïque des fêtes, qui se termineront régulièrement au petit matin souvent interrompues par la police, appelée pour des nuisances sonores.

Mais bientôt Bolt va reprendre le chemin de l'entraînement et là pas question de se disperser.

Sans événement planétaire, son année 2010 devrait «être tranquille» et «pour le plaisir».

Tout juste se contentera-t-il de juteuses sorties dont sept comptant pour la Ligue de diamant, le nouveau circuit de la Fédération internationale. Comme l'an passé, il devrait être au Stade de France en juillet.

Mais il prévient aussi qu'il pourrait en profiter pour s'attaquer à ses records.

Rendez-vous donc en 2010 pour l'An III de l'ère Bolt ?