La Main, plusieurs la sentent, la voient, la goûtent. Moi, je l'entends. Non, pas comme Aurise Blondeau dans Montréal PQ, tourmentée par des voix bizarres et des bruits étranges. Rassurez-vous.

En filant vers le nord, entre la rue Sherbrooke et l'avenue Laurier, où s'alignent tous les bars dits «branchés» de la métropole, je réentends toutes les chansons qui ont animé ces folles soirées où j'ai dilapidé des milliers de dollars en Heineken et en gin-tonic. Tournée de shooters! C'est tellement ma toune qui joue!

 

Saint-Laurent, ou Saint-Lo pour les intimes, c'est le boulevard des rêves brisés qui s'évanouissent à 3h du mat quand les lumières s'allument, que le DJ stoppe abruptement Closer de Nine Inch Nails et que vous vous demandez: euh, qu'est-ce je fabrique debout sur un cube du Belmont entouré de gens encore plus superficiels que (glissez ici le nom de votre starlette préférée)?

À l'angle de Saint-Joseph, je pleure encore la glorieuse époque du China Club, qui a été démoli pour héberger - sacrilège! - un Couche-Tard. C'était dans ma phase «house», où je rêvais aux plages d'Ibiza en écoutant Big Love de Pete Heller, Can't Get Enough de Soulsearcher et Sing It Back de Moloko. Soupir.

Planté devant la Cafétéria, je repense inévitablement à l'horrible disque Tourist de St-Germain, qui a joué au point où Costco s'est mis à en vendre des caisses. Mauvais souvenir.

De l'autre côté de la rue, au Café Méliès, l'ambiance a toujours été plus feutrée avec des accents de Buddha Bar et des remixes de Fred Everything. En passant devant le défunt Jaï, tout près de Prince-Arthur, les envoûtantes notes de Marder de Ramasutra résonnent dans ma tête.

Près du feu Angels, un des premiers bars de Saint-Lo que j'ai jadis fréquentés, c'est du hip-hop qui me revient, notamment Hypnotize de The Notorious B.I.G. et Mo Money Mo Problem de Mase et Puff Daddy.

En remontant vers le Gogo Lounge, je replonge dans mes classiques de bar, dont I Love Rock N'Roll de Joan Jett et September d'Earth, Wind&Fire. Au Pistol, je revisite le répertoire rock de Sam Roberts, dont Brother Down.

Sur la jolie terrasse du Tokyo, j'ai l'impression de réécouter le 6 à 6 de CKOI avec le catalogue complet de David Guetta (The World is Mine, quelqu'un?). En trottinant devant le Lodge, temple de la branchitude pendant quelques mois en 2002, je me surprends à siffloter Don't Stop Til You Get Enough de Michael Jackson.

Un peu plus au nord, passé l'avenue du Mont-Royal, les souvenirs de boom-boom sourd du Living me ramènent à la réalité: non, je n'ai plus 20 ans. Et aujourd'hui, la musique forte m'agresse. Baissez le son les jeunes!

Encore plus loin, pour des soirées un peu plus trash, direction Taverna, où assurément Alger de Jean Leloup tournait pour le plus grand plaisir des artistes-peintres à temps partiel.

En remettant les pieds au Radio-Lounge où toutes les Pussycat Dolls de Laval se trémoussaient sur When I Grow Up, un constat m'a frappé. La musique change, mais la clientèle de club reste toujours la même, avec plus de rides et de cernes. Il n'y a que la Main qui ne prend pas de rides. Chanceuse.

Je lévite

Avec Tout est parfait en DVD. Un film dur, gris et triste, mais aussi porteur de lumière et d'espoir, qui nous hante plusieurs jours après son visionnement. Probablement une des oeuvres cinématographiques québécoises les plus poignantes/marquantes des dernières années. Préparez vos mouchoirs.

Je l'évite

Lakeview Terrace (Harcelés, en version française). Ce thriller hyper prévisible - zzzz - dure 110 minutes. C'est environ 109 minutes de trop. Le film s'enfonce dans tant de longueurs qu'on a le goût de secouer violemment un des protagonistes en lui hurlant au visage: «Allume le grand! Tout le monde sait comment ça va finir. Grouille! On va manquer Virginie»!

COURRIEL Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca