Voici les lieux et les intervenants de la deuxième partie du podcast.

Buona Notte, 3518 Saint-Laurent

Le Buona Notte a ouvert ses portes en 1991. C'était l'un des premiers « Supper Club » de Montréal, ces endroits branchés où on peut à la fois manger un bon repas et faire la fête.

Le Buona Notte est au coeur de la partie branchée de la « Main », située informellement entre les rues Milton et Prince-Arthur. Le vendredi soir, il n'est pas rare de voir des voitures  Porsche et Ferrari garées devant les bars et restaurants. 

Plusieurs vedettes internationales sont passées par le Buona Notte, dont les acteurs George Clooney, Leonardo DiCaprio et Sandra Bullock, les chanteurs Bono, Bruce Springsteen et Céline Dion, de même que des vedettes sportives comme  Maria Sharapova, Otis Grant et Mika Hakkinen.

(Personne interviewée dans le podcast : Massimo Lecas, copropriétaire du Buona Notte et du Globe)

Excentris/Cinéma Parallèle, 3536/3682 boulevard Saint-Laurent

Construit en 1999 à l'initiative de Daniel Langlois, le complexe Ex-Centris est un cinéma de répertoire d'avant-garde. Il comprend la salle Fellini, la salle Cassavetes et le cinéma Parallèle, qui a son propre conseil d'administration.

Le cinéma Parallèle a été fondé par Claude Chamberlan bien avant l'Ex-Centris, à la fin des années 1960. Au tout début, c'était un cinéma itinérant. Mais en 1978, Claude Chamberlan s'est installé au 3682 Saint-Laurent, où se situe aujourd'hui le Gogo Lounge. En avant du local, il y avait le Café Méliès. Dans le fond, il y avait le cinéma.

M. Chamberlan le dit lui-même : il n'est pas très bon avec l'argent. Sa rencontre avec Daniel Langlois a donc permis au cinéma Parallèle de devenir l'une des salles les plus modernes du Canada. Le Café Méliès est également devenu une des bonnes tables de la Main.

Claude Chamberlan est aussi le cofondateur du Festival du nouveau cinéma (FNC), dont le quartier-général est aujourd'hui à l'Ex-Centris. Daniel Langlois l'a également appuyé pour le festival. Il a même été président du conseil d'administration de 1997 jusqu'en 2004.

Soulignons que Daniel Langlois est le fondateur de Softimage, dont le logiciel de modélisation 3D a révolutionné le cinéma, notamment dans le film Jurassic Park. Langlois a vendu l'entreprise dans les années 1990, ce qui lui a permis de créer sa propre fondation.

(Personne interviewée dans le podcast : Claude Chamberlan)

Warshaw, 3863 Saint-Laurent

Aujourd'hui, une pharmacie Pharmaprix occupe l'édifice du 3863 Saint-Laurent. Mais à l'intérieur et à l'extérieur du commerce, on peut voir des photos du Warshaw, le mythique magasin de la Main qui a fermé ses portes en décembre 2002.

Fondé en 1935 par les Florkevitz, un couple juif polonais, Warshaw était à l'origine une épicerie de fruits et légumes. Le nom du magasin devait être Warsaw (« Varsovie » en Polonais). Mais une erreur du peintre qui a fait la toute première enseigne a fait en sorte qu'il y a eu un « h » de trop.

Avec le temps, l'épicerie s'est transformée en une sorte de souk où l'on pouvait trouver à la fois de la nourriture, des futons et des coussins indiens.

Harvey Levy, le petit-fils des Florkevitz, est toujours propriétaire de l'édifice qui abrite aujourd'hui un Pharmaprix. Les gens se souviennent encore de sa femme, la colorée Mme Levy, qui accueillait les clients avec ses cheveux platine et multiples bijoux.

Aujourd'hui, la septuagénaire tient toujours boutique, mais dans le quartier Saint-Henri. Le nom de son magasin demeure Warshaw, mais elle s'en tient à vendre des accessoires de maison.

Quand le Pharmaprix a ouvert ses portes, sa façade imposante a soulevé un tollé. La Ville a avoué avoir fait une erreur. Le Service des permis de l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal aurait dû voir que l'édifice devait respecter certaines exigences patrimoniales.

Beaucoup de gens ont vu la fermeture du Warshaw comme la fin d'une époque. Plusieurs commerçants juifs ont fermé les portes de leur commerce les uns à la suite des autres, dont l'épicerie Simcha's, à l'angle de la rue Napoléon.

Mais il y a des commerces qui restent, comme la fabrique de monuments funéraires L. Berson et Fils, fondée en 1922, située juste en face. Il y a aussi le Schwartz, ouvert en 1928.

(Personne interviewée dans le podcast : Rima Elkouri)

 

Schwartz, 3895 Saint-Laurent

La réputation du Schwartz n'est plus à faire. Les Rolling Stones se font livrer du smoke-meat de chez Schwartz quand ils sont à Montréal. Céline Dion a grandi ici, dit son gérant, Frank Silva.

Tous les jours de la semaine, une file s'éloigne de la charcuterie hébraïque ouverte en 1928 par Reuben Schwartz, un immigrant Juif de Roumanie. Le décor du délicatessen est resté d'époque.

Cité dans tous les guides touristiques, Schwartz est un ambassadeur de Montréal à l'international.

(Personne interviewée dans le podcast : Frank Silva)

Bain Schubert, 3950 Saint-Laurent

Élu en 1924, le conseiller municipal juif Joseph Schubert a beaucoup défendu les gens qui travaillaient dans les manufactures de textile, qui pullulaient sur le boulevard Saint-Laurent. En 1931, il a fait construire un bain public pour les habitants et travailleurs du quartier qui n'avaient pas d'eau courante ou qui n'avaient pas accès à des installations sportives. Rénové en 2000, le bain Schubert est aujourd'hui une piscine publique.

(Personne interviewée dans le podcast : Pierre Anctil, spécialiste de la vie juive à Montréal et auteur de La Main de Montréal)

Édifice Cooper, 3981 Saint-Laurent

En 1911, les deux tiers des vêtements confectionnés au Canada provenaient de Montréal, principalement des manufactures du boulevard Saint-Laurent. Beaucoup de propriétaires étaient d'origine juive. L'édifice Cooper est l'un des bâtiments qui a abrité plusieurs usines de vêtements. 

Mais au fil du temps, les manufactures de la Main ont migré dans le secteur Chabanel ou encore en Asie, laissant de grands immeubles vacants. Plusieurs artistes et entreprises du domaine de la création y ont trouvé refuge en réaménageant les locaux en lofts.

La chorégraphe Marie Chouinard a eu son studio de danse pendant plus de 25 ans dans l'édifice Cooper. Au début, elle trouvait encore des aiguilles entre les craques de plancher. Du sixième étage, elle avait une vue imprenable sur le mont Royal.

(Personne interviewée dans le podcast : Marie Chouinard) 



Photo: David Boily, La Presse

Schwartz

Cinéma L'Amour, 4015 Saint-Laurent

Avec ses films pornos et ses soirées gratuites pour les couples, le cinéma L'Amour est une institution de la Main. Avant d'être un cinéma, la salle du 4015 Saint-Laurent était le Globe, un théâtre de variétés qui présentait des spectacles de vaudeville et des films yiddish.

En 1932, le Globe est devenu The Hollywood, un cinéma parfaitement ordinaire, à l'affût des nouveautés. En 1969, il a pris le virage érotique de l'époque pour devenir de The Pussycat. Puis en 1981, il a changé de propriétaire, qui l'a rebaptisé le cinéma L'Amour, tout en gardant sa vocation.

Le cinéma L'Amour est la plus vieille salle de son genre à Montréal. Elle a peu changé depuis ses débuts. Marcher dans ses allées est un voyage dans le temps.

(Personne interviewée dans le podcast :Nathalie Petrowski)

Le Keneder Odler (L'Aigle canadien, journal yiddish), 4075 Saint-Laurent

Jusqu'en 1950, le yiddish était la troisième langue la plus parlée à Montréal. En 1907, Hirsh Wolofsky, un jeune immigrant juif polonais, fonde un quotidien, le Keneder Odler. Au début, le journal était situé au coin de Saint-Laurent et Ontario. Mais à l'image de la communauté juive qui a migré au nord de Sherbrooke après la première Guerre mondiale, le journal s'est s'installé au nord de la rue Duluth.

Quand des élections avaient lieu, plusieurs personnes de la communauté juive se réunissaient au 4075 Saint-Laurent pour voir les résultats électoraux affichés sur les murs. C'était un lieu de rassemblement pour la communauté.

(Personne interviewée dans le podcast :Pierre Anctil)

Parc du Portugal, Saint-Laurent et Marie-Anne

À partir de 1953, les Portugais remplacent tranquillement les Juifs autour de la rue Duluth, car les Juifs quittent le boulevard Saint-Laurent pour s'installer dans l'Ouest de la ville.

Les Portugais ont aussi fait leur marque sur le boulevard Saint-Laurent en fondant plusieurs commerces et restaurants. Dans le parc du Portugal, une pierre commémore le cinquantième anniversaire de la première vague d'immigration portugaise.

Du parc, on peut apercevoir la maison de Leonard Cohen. Elle est située au coin des rues Saint-Dominique et Vallières. Dans les années 1970 et 1980, Cohen était un habitué de Bagel Etc. que vous voyez l'autre côté du boulevard Saint-Laurent, en face du parc.

(Personne interviewée dans le podcast : Joaquina Perez)

Balattou, 4372 Saint-Laurent

Le club Balattou fait bande à part sur la Main, mais il est néanmoins l'une de ses institutions. Fondé en 1985 par Lamine Tourré, le Balattou est devenu un pionnier de la musique du monde à Montréal. Depuis près de 25 ans, l'endroit n'a pas changé et les gens viennent y danser sur de la musique africaine, haïtienne, cubaine, de même que sur des airs reggae, de merengue et de salsa. Lamine Tourré est le fondateur du Club Balattou, mais aussi celui du Festival Nuits d'Afrique.

(Personne interviewée dans le podcast : Lamine Tourré)

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Nathalie Petrowski