Chantal Petitclerc vient de boucler sa carrière paralympique avec une performance de légende: elle a gagné à Pékin cinq médailles d'or, qui s'ajoutent aux neuf qu'elle avait déjà remportées, et laisse à ses poursuivantes cinq records du monde à briser. Une domination épique. Et juste comme on se dit qu'elle a bien mérité de se reposer un peu, Chantal Petitclerc a un autre défi. Elle veut devenir reine des marathons.

Chantal Petitclerc vient de boucler sa carrière paralympique avec une performance de légende: elle a gagné à Pékin cinq médailles d'or, qui s'ajoutent aux neuf qu'elle avait déjà remportées, et laisse à ses poursuivantes cinq records du monde à briser. Une domination épique. Et juste comme on se dit qu'elle a bien mérité de se reposer un peu, Chantal Petitclerc a un autre défi. Elle veut devenir reine des marathons.

L'image a fait le tour du monde. Chantal Petitclerc file à 30 km/h dans son fauteuil de compétition. À quelques mètres de l'arrivée, elle jette un coup d'oeil derrière elle, s'aperçoit qu'elle est seule en tête, puis lève les bras au ciel. C'était mardi à Pékin, et l'athlète de 38 ans venait de gagner sa 14e médaille d'or en carrière.

"À 10 mètres, j'ai arrêté de pousser, explique Chantal Petitclerc. C'était un grand accomplissement, la réalisation de mon objectif, d'un grand rêve."

Cette course de 1500 m était son chant du cygne paralympique. Après avoir remporté quatre médailles plus tôt à Pékin, elle tenait absolument à partir en grand, à répéter son exploit d'Athènes, cinq fois couronné d'or.

"Ceux qui me connaissent savent que j'allais en Chine pour gagner, dit-elle. Une médaille d'argent, ç'aurait été une déception."

La voilà donc, mardi matin, à s'inquiéter de la pluie, et qui s'imagine terminer deuxième à sa dernière course. "C'était stressant, admet-elle. Je ne savais pas s'il y aurait de la pluie, j'espérais que non parce que je cours moins bien sous la pluie."

Le reste est passé à l'histoire: Chantal Petitclerc a non seulement gagné au 1500 m, elle a pulvérisé la course. "Le fait de finir de façon aussi dominante, c'est un cadeau de la vie. De finir comme ça, c'est très émouvant. C'est pas mon genre mais, à l'arrivée, j'avais les larmes aux yeux."

Pour sa détermination, sa force de caractère et pour souligner la fin d'une carrière paralympique qui passera à l'histoire, La Presse et Radio-Canada nomment Chantal Petitclerc Personnalité de la semaine.

Le marathon en tête

Mais les exploits de Chantal Petitclerc ne sont pas uniquement sportifs. Celle qui a perdu l'usage de ses jambes quand une porte de grange lui est tombée dessus, à 13 ans, demande depuis des années la reconnaissance de son sport et des athlètes en fauteuil roulant.

Il n'y a pas si longtemps encore, en 1990, on refusait à Chantal Petitclerc l'accès aux pistes d'athlétisme de peur que ses roues ne les endommagent. Même si cette époque semble aujourd'hui révolue, le débat de la semaine dernière, sur le fait que les médaillés paralympiques ne puissent compter sur aucune bourse, illustre tout le chemin qu'il reste à parcourir.

"C'est certain que j'aimerais recevoir les bourses: j'ai fait le compte dans ma tête et c'est beaucoup d'argent, explique celle qui aurait reçu 100 000$ du Canada si ses médailles avaient été olympiques. Je crois que les médailles ont la même valeur. Malheureusement, le comité paralympique canadien n'a pas le même budget que le comité olympique. Il aimerait offrir des bourses, mais il n'a tout simplement pas les sous."

Pour l'instant, l'athlète aimerait voir la course en fauteuil roulant devenir sport olympique. "J'aimerais m'engager un peu plus dans ce dossier, pour donner une voix aux athlètes en fauteuil roulant", dit-elle.

Mais avant, Chantal Petitclerc, qui est revenue au pays jeudi, promet de ne pas toucher à son fauteuil de compétition pour au moins trois semaines. Elle partira en vacances mais ne sait pas encore où.

Ensuite, elle se remettra à l'entraînement, pour les longues distances. "Je ne prends pas ma retraite", tient à préciser Chantal Petitclerc. Son objectif: courir le marathon à l'automne 2009.

"Je suis prête pour de nouveaux défis. Ce que j'ai en tête, ce sont les marathons, comme ceux de Boston, de Londres... André Viger est un exemple pour moi. Je regarde ça depuis des années, et souvent, je me dis: "Cette fille qui vient de gagner, il me semble que je pourrais la battre." Alors je vais faire ça quelques années, on va voir si je suis capable."

Qui en doute?