Dennis Edney avait deux fils: Duncan et Cameron. Maintenant, il en a trois. Le petit dernier s'appelle Omar Khadr. L'avocat albertain est prêt à lui ouvrir des bras de père lorsqu'il sortira de prison.

«Je lui ai déjà expliqué qu'il devra laver la vaisselle comme les autres à la maison», dit l'avocat en riant.

Selon l'entente conclue entre le Canada et les États-Unis, Omar Khadr devrait pouvoir rentrer au Canada dès le 31 octobre 2011. Emprisonné à Guantánamo depuis le mois d'octobre 2002 mais condamné seulement cet automne, il doit y passer une dernière année avant de pouvoir purger au Canada les huit ans qu'il resterait à sa peine.

Quand il en aura purgé le quart, le 1er juillet 2013, Dennis Edney pourra demander qu'il soit mis en liberté.

À cette étape, Omar Khadr pourrait décider de retourner vivre avec sa famille. Son père, proche d'Oussama ben Laden, est mort en Afghanistan, mais il a toujours sa mère, sa soeur et plusieurs de ses frères, dont la plupart vivent en Ontario.

«Mais je crois que si son but est de terminer des études de médecine comme il en a toujours rêvé, la meilleure option sera qu'il vive avec ma famille», dit Dennis Edney. «Pour terminer cette grande aventure que j'ai entreprise avec lui, je veux lui donner l'occasion d'être la meilleure personne possible. On ne peut pas le ramener et le laisser dans la rue», plaide l'homme de loi.

Dennis Edney ne cache pas que sa relation avec Omar Khadr n'est pas celle d'un avocat avec son client. Le jeune Canadien n'avait que 16 ans lorsque M. Edney et un collègue d'Edmonton, Nate Whitling, ont accepté de le représenter bénévolement. «Ça fait des années que je parle à Omar. Je pense que c'est un jeune homme fantastique. Un doux géant. Un homme-enfant. Il m'arrive de lui parler de petits problèmes que j'ai avec mes fils et il a toujours des conseils pleins de tendresse», raconte l'avocat avec émotion.

Pour le défendre, Dennis Edney et Nate Whitling ont dû puiser dans leur portefeuille. Même si le feuilleton dure depuis plus de huit ans, ils n'ont pas reçu un sou. «Ç'a eu de grandes conséquences sur nos vies. Mais comment aurait-on pu laisser un adolescent dans un coin de l'enfer qui s'appelle Guantánamo? Comment peut-on fermer les yeux?» demande-t-il.

Dennis Edney sait que la bataille est loin d'être terminée. M. Whitling et lui veulent continuer leur lutte juridique contre le gouvernement canadien. Les avocats veulent aussi trouver une équipe médicale qui sera prête à prendre en charge Omar Khadr, qui a perdu un oeil le jour où il a été fait prisonnier en Afghanistan et qui perd petit à petit la vue dans le second.

Le problème de santé pourrait-il compromettre son rêve de devenir médecin? «Ni moi ni Omar ne voulons penser à ça en ce moment, dit l'avocat. Pour le moment, je rêve seulement du jour où je pourrai l'emmener à la pêche.»

En bon papa.