Omar Khadr était-il, en 2002, un terroriste avisé, ou un adolescent qui faisait ce qu'on lui disait de faire? Au premier jour du coeur du procès du jeune détenu canadien, après la sélection des jurés, la poursuite et la défense ont tenté de dresser deux portraits diamétralement opposés d'Omar Khadr, accusé devant une commission militaire à Guantanamo du meurtre du soldat américain Christopher Speer, en Afghanistan.

«Omar Khadr a dit lui-même qu'il était un terroriste entraîné par AlQaïda, et qu'il était fier de participer à des opérations contre les Américains», a dit le procureur du gouvernement, Jeff Groharing, en guise d'introduction. L'accusé, a-t-il poursuivi, a grandi dans une famille d'extrémistes, où il a appris que c'était une bonne chose de tuer des Américains.

Me Groharing entend ainsi prouver aux sept jurés, au cours de ce procès, qu'Omar Khadr savait ce qu'il faisait lorsqu'il a participé au combat entre insurgés et forces armées, le 27 juillet 2002, et que c'est lui qui a lancé la grenade qui a causé la mort du soldat Speer.

«Omar Khadr n'a pas tué le sergent Speer, et il attend depuis huit années pour vous le dire. Pour le dire à des gens qui vont écouter et qui peuvent faire une différence», a lancé l'avocat de la défense, le lieutenant-colonel Jon Jackson.

Selon lui, le jeune détenu, qui avait 15 ans au moment des faits allégués, ne faisait que répondre aux ordres de son père, Ahmed Khadr, qui l'avait envoyé sur les lieux de l'altercation pour agir en tant que traducteur.

«Ahmed Khadr détestait ses ennemis plus qu'il n'aimait son fils», a estimé Me Jackson.

Pour la première fois depuis le début des procédures, la veuve du soldat Speer, Tabitha, se trouvait dans la salle d'audience. Vêtu d'une robe estivale, noire avec des motifs blanc, elle a fixé du regard un long moment l'accusé lorsqu'il est entré dans la salle, en complet-cravate, les cheveux frais coupés. Elle est restée impassible, les lèvres légèrement crispées, tout au long des déclarations d'ouverture, mais n'a pu réprimer quelques larmes lors de la description, par le premier témoin, de la scène de combat où son mari a été fatalement blessé par une grenade.

Le procès du Canadien, aujourd'hui âgé de 23 ans, doit se poursuivre pendant plusieurs semaines.