Huit ans après qu'un adolescent canadien eut été retrouvé, grièvement blessé, sous les décombres d'un camp afghan, le gouvernement des États-Unis exposera son dossier contre lui, jeudi, à sept officiers militaires américains qui décideront de son sort.

Parmi les quatre hommes et trois femmes appelés à composer le jury au procès du Canadien Omar Khadr, on compte un capitaine de la marine américaine qui soutient que la prison de Guantanamo, à Cuba, est une tache noire pour son pays sur la scène internationale.

Ces sept jurés ont été retenus alors que les candidatures de huit autres jurés potentiels ont été rejetées.

Parmi les potentiels jurés écartés -à la requête de la poursuit -, on retrouve un lieutenant colonel qui a déclaré que la célèbre prison avait érodé l'autorité morale des États-Unis.

À l'issue de l'exercice, huit des 15 potentiels jurés rejetés l'ont été presque tous à la demande de la défense. Selon le secrétaire général d'Amnistie internationale du Canada anglophone, Alex Neve, il s'agit là de nouvelles positives pour Omar Khadr.

«Aujourd'hui (mercredi) est l'une des rares journées où le vent a soufflé en faveur d'Omar Khadr à Guantanamo», a-t-il commenté.

En vertu des règles de sélection du jury, à la fois la poursuite et la défense peuvent récuser des candidats au poste de juré. Et dans six des sept cas, le juge a penché en faveur de l'avocat d'Omar Khadr assigné par le Pentagone, le lieutenant colonel Jon Jackson, qui soutenait que les jurés n'étaient pas impartiaux envers son client.

Le «juré numéro 16», tel qu'il était désigné, a été renvoyé à la demande de la poursuite.

«Je crois que l'établissement de détention devrait être fermé», a-t-il dit au procureur Jeff Groharing.

«Je ne crois pas que ma prise de position diffère de celle du président», a-t-il ajouté.

Khadr, maintenant âgé de 23 ans, fait face à cinq chefs d'accusation. Le plus sérieux est celui de meurtre -en vertu des lois de guerre- ce qui pourrait lui valoir une peine de prison à vie.

Les accusations font suite à la mort du soldat américain Chris Speer, en Afghanistan en juillet 2002 alors que Khadr était âgé de 15 ans.

La poursuite soutient que le jeune homme, qui est né à Toronto, a projeté une grenade qui a tué le sergent Speer et ce, après quatre heures de combat par les forces américaines.

Au moins cinq de ces sept jurés devront s'entendre pour affirmer que Khadr est coupable pour que celui-ci soit condamné.

Pour condamner Khadr, au moins cinq des sept jurés devront croire qu'il est coupable.

Si jamais Khadr devait être reconnu coupable, la poursuite a déjà fait savoir qu'elle demanderait la prison à vie. Toutefois, six des sept jurés devront s'entendre pour qu'une telle peine soit imposée.

Les détails du cas d'Omar Khadr, devenu un enjeu politique au Canada, sont connus de la plupart des Canadiens. Mais tous les jurés sélectionnés ignorent ces détails.

Cette commission militaire sera la première tenue sous le règne du président américain Barack Obama, qui s'était engagé, il y a 19 mois, à ce qu'elles soient abolies. Il a également promis de fermer la prison, qui est devenue l'objet de critiques internationales.

Le choix de ces quatre hommes et trois femmes ouvre la voie, jeudi, aux déclarations d'ouverture du procès, qui se tient à la base de Guantanamo.