Au deuxième jour du procès d'Omar Khadr pour crimes de guerre, l'avocat militaire du jeune homme, Jon Jackson, est parvenu à exclure du jury sept candidats qui soit s'étaient portés volontaires pour participer au processus, soit ont été affectés de près ou de loin par des engins explosifs artisanaux.

Des 15 aspirants jurés, tous membres actifs de l'armée américaine, les avocats de la défense et de la poursuite avaient le droit d'en évincer un sans donner de raison, et d'en évincer autant qu'ils le voulaient s'ils arrivaient à justifier aux yeux du juge la nécessité de les exclure.

Après les interrogatoires, Me Jackson a estimé que ceux qui s'étaient portés volontaires pour être jurés avaient peut-être des motifs cachés, un désir de vengeance ou autre. Un des candidats jurés a d'ailleurs dit qu'il s'était porté volontaire parce qu'il voulait participer à l'effort de guerre.

Étant donné l'accusation de soutien matériel au terrorisme qui pèse contre son client, et sachant que les procureurs entendent présenter au jury une vidéo montrant Omar Khadr en train de fabriquer des engins explosifs, l'avocat de la défense a demandé que les militaires ayant perdu un ami ou un subordonné dans l'explosion d'un de ces engins soient exclus.

Le juge, le colonel Patrick Parrish, a accédé à toutes les demandes de la défense sauf dans le cas d'un candidat, qui a quand même été exclu grâce au privilège de chaque parti d'évincer une personne sans justification.

Alors qu'il avait accédé à la plupart de leurs demandes lors des audiences préliminaires, le juge Parrish a rejeté les arguments des procureurs du gouvernement qui ont essayé d'exclure du jury les trois seuls candidats qui avaient émis des réserves soit sur le processus en cours, soit sur la prison elle-même, soit sur la durée de la détention d'Omar Khadr avant son procès.

Le juge Parrish a estimé que le fait qu'ils aient les mêmes opinions que le président Barack Obama - qui a lui-même exprimé des inquiétudes à l'égard de Guantánamo - ne constitue pas un argument pour exclure des jurés. Le candidat le plus critique à l'égard du processus, qui a affirmé qu'il souhaitait que la prison de Guantánamo soit fermée, ne fera toutefois pas partie du jury puisque les procureurs du gouvernement l'ont évincé.

Au final, sept personnes composeront le jury qui décidera du sort d'Omar Khadr. Leur identité sera maintenue secrète, conformément à une ordonnance du juge.

Même s'il continue de croire que le prisonnier canadien n'aura pas droit à un procès juste et équitable, le secrétaire général d'Amnistie internationale Canada, Alex Neve, a vu dans cette sélection du jury «une lueur d'espoir» pour Omar Khadr et ses avocats. «C'est une petite victoire, mais il ne faut pas en tirer trop de conclusions, a toutefois souligné M. Neve. Ça ne veut pas dire que tout le processus des commissions militaires est devenu juste. Les inquiétudes qu'on avait avant, sur les aveux obtenus après de mauvais traitements ou sur le fait qu'ils ne le considèrent pas comme un enfant-soldat, n'ont pas changé.»

Âgé de 23 ans, Khadr est passible de la prison à vie s'il est reconnu coupable du meurtre d'un soldat américain. Le Torontois avait 15 ans au moment des faits qu'on lui reproche.