Les races (de chiens!) ne sont malheureusement pas toutes égales devant l'hiver. La délicate levrette d'Italie a la peau sur les os, des côtes saillantes et un poil aussi court qu'un sergent des "Marines". Mieux vaudrait pour elle, à défaut de la douceur de la baie de Naples, la chaleur de l'enfer certains jours de poudrerie ou de grande froidure. Trottinant au ras du sol, le teckel, avantageusement connu sous le sobriquet de "chien-saucisse", peine tout autant dans la sloche que pour franchir courageusement les alpestres bancs de neige en ville. Quant au malheureux basset-hound, lui aussi court sur pattes, il risque des engelures sur ses longues oreilles minces comme des escalopes.

Pour les races plus robustes et bien équipées contre le froid, l'hiver demeure au contraire un véritable régal après nos étés étouffants. C'est le cas du populaire golden retriever au poil ondulé et au sous-poil abondant. Ce chien de chasse adore en effet patauger dans l'eau sous toutes ses formes physiques et climatiques.

Pour les chiots reçus en cadeau à Noël, la mauvaise saison n'est pas idéale pour apprendre la propreté. Il est vrai que s'arracher fin janvier d'un coussin douillet et tout chaud dès potron-minet pour aller faire ses petits et gros besoins par - 20º C n'a rien de bien folichon. Par contre, et lorsqu'on a pris l'habitude du journal (une belle leçon d'humilité pour certains chroniqueurs!) il n'est pas évident de faire ça dans la rue et devant tout le monde... En cette matière, signalons que certains maîtres futés profitent de la neige pour camoufler les selles de leur protégé et ne pas avoir à les ramasser. Avec des races aussi productives que le terre-neuve ou le grand danois, bonjour les dégâts printaniers! Cette incivilité aura deux fâcheuses conséquences:

- à la fonte de neiges, certains parcs ou trottoirs se transforment en véritables crottoirs fangeux;

- les crottes de chiens congelées et dures comme du bois sont aussi courues que les balles de golf. Certains toutous les croquent comme des chocolats belges. D'autres les ramènent en catimini à la maison pour faire mumuse. Inutile de dire que cette fâcheuse habitude encourage fortement la coprophagie.

Pour une majorité de grands chiens sportifs, l'hiver reste, bien sûr, et même les jours où il fait un froid polaire avec le facteur vent (à défaut du vrai facteur), un moment de défoulement total et de franche gaieté. Les toutous citadins qui n'ont pas le privilège d'aller au mont Tremblant adorent se rouler démocratiquement dans la poudreuse, creuser en toute impunité des tunnels et attraper d'improbables boules ou flocons de neige dans la cour arrière. Au petit matin, quand vient le temps moins agréable pour votre dos de pelleter cette blancheur immaculée, les toutous, eux, adorent en prendre... plein la gueule! Jamais fatigués, ils en redemandent toujours une autre bordée...