Le feuilleton du futur Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) se poursuit. Le gouvernement Charest vient d'accepter de revoir le financement du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) et de payer à l'avance 45% des coûts du projet, a appris La Presse. Cette manoeuvre financière porte la facture à plus de 328 millions.

Selon plusieurs observateurs, le risque du projet est maintenant assumé en partie par le public et voilà une preuve supplémentaire qui devrait pousser le gouvernement à abandonner la construction en partenariat public-privé (PPP).

À la demande des consortiums en lice pour la construction du CRCHUM, l'Agence des PPP a accepté de revoir, à la mi-novembre, le financement du projet. Au départ, la facture du CRCHUM ne devait être payée au consortium gagnant qu'après la construction grâce à des paiements égaux étalés sur 30 ans. Durant cette période, le consortium gagnant s'engageait à entretenir l'immeuble.

Mais avec la crise financière, les entreprises ont de la difficulté à emprunter. Le gouvernement a donc accepté de payer 45 % des coûts du projet durant la construction afin de diminuer les emprunts du privé. «Faire ça augmente un peu les coûts du projet. On parle présentement de 328,7 millions», dit le porte-parole de l'Agence des PPP, Hugo Delaney. Au départ, le projet était évalué à 320 millions.

Selon M. Delaney, ce changement est une «adaptation à la crise financière», mais le privé assumera encore la majorité du financement et il absorbera toujours la majorité des risques.

Le porte-parole de la Coalition CHU sans PPP, le Dr Alain Vadeboncoeur, croit plutôt que le changement de cap du gouvernement lui fait assumer une bonne partie du risque. «Le gouvernement diminue les risques du privé en acceptant de payer une part des coûts plus tôt que prévu», affirme le Dr Vadeboncoeur, qui estime que l'option PPP est un mauvais choix. «Le gouvernement le sait. Mais il continue dans cette voie...» déplore-t-il.

Le président du Comité des politiques publiques de l'Association des économistes québécois (ASDEQ), Jean-Pierre Aubry, explique que le gouvernement peut emprunter à bien meilleur taux que le privé. M. Aubry aurait préféré que le gouvernement paie le projet en mode conventionnel à bon taux «plutôt que de payer comme aujourd'hui une prime déguisée au privé qui emprunte à haut taux».

«Au début, le gouvernement disait favoriser le mode PPP parce qu'il pouvait ainsi payer un loyer sur 30 ans, déclare M. Aubry. Là, on paie une bonne partie de l'immeuble durant la construction. L'avantage tant vanté est disparu !»