Le CHUM est «bienvenu» au centre-ville, mais il devra être moins colossal et moins haut. Telle est la conclusion de l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM), qui recommande au CHUM de refaire ses devoirs à tous les niveaux, ou presque.

Trois mois après avoir entendu 400 personnes, dont plusieurs experts, et lu 34 mémoires, l'Office a déposé, hier, un rapport d'une cinquantaine de pages qui s'attaque autant à l'architecture, à l'intégration urbaine et à la circulation, qu'à l'impact du projet sur les résidants du centre-ville. L'Office reconnaît que le projet, tout en améliorant les services de santé, contribuera à revitaliser le centre-ville, mais il demande des ajustements.

La première salve vise les mesures d'atténuation de la circulation qui augmentera. Environ 10 000 employés et des milliers de patients se rendront chaque semaine à l'hôpital délimité par les rues Saint-Denis, Sanguinet, Saint-Antoine et le boulevard René-Lévesque.

De façon générale, la commission de l'OCPM note que «la démonstration qui a été faite (par le CHUM), pour conclure à l'absence de problèmes de circulation automobile dans l'avenir n'est pas convaincante et que les données sont partielles. () Les études de circulation qui ont été déposées datent de 2003, une méthodologie qui a été profondément remise en cause», fait-on remarquer.

En conséquence, l'Office recommande que le CHUM se dote d'un vrai plan de gestion de la circulation. Ce travail qui devrait être effectué en collaboration avec la Ville de Montréal, l'Agence métropolitaine de transport (AMT) et la Société de transport de Montréal (STM), et tenir compte autant des résidants que des gens qui, inévitablement, arriveront des couronnes nord et sud.

L'autoroute Ville-Marie

L'Office met notamment l'accent sur la présence des bretelles d'entrée et de sortie de l'autoroute Ville-Marie, à la hauteur de la rue Sanguinet. «Fermer ou déplacer ces bretelles entraînerait une redistribution des débits et permettrait aussi de rétablir un lien avec le Vieux-Montréal en recouvrant cette portion de l'autoroute.»

André Lavallée, responsable de l'aménagement urbain et du transport collectif au comité exécutif de la Ville, est d'accord pour dire qu'il est essentiel que le CHUM se dote d'un «solide» plan de circulation. Il explique que l'administration Tremblay-Zampino va analyser les recommandations, s'entendre sur les améliorations à apporter, et les soumettre au conseil municipal.

Quant au projet de Quartier de la santé, qui comprend le recouvrement de l'autoroute, M. Lavallée renvoie la balle au maire de l'arrondissement de Ville-Marie, Benoît Labonté, maître d'oeuvre du projet pour la Ville. Ce dernier a refusé une entrevue hier. Il a dit que le dossier était entre les mains du Technopôle Ville-Marie, présidé par Pierre Marc Johnson.

Finalement, l'Office souligne que le CHUM sera implanté dans un des plus anciens secteurs de Montréal. Un endroit où l'on retrouve un patrimoine bâti, la rue Saint-Denis qui a traditionnellement de l'ambiance, et le Vieux-Montréal. La commission suggère que des efforts soient consentis pour mieux préserver l'église Saint-Sauveur et la maison Garth. Le rapport demande aussi qu'on intègre mieux la rue Saint-Denis au projet, notamment à l'entrée principale.

Bien accueilli

Dans l'ensemble, la direction du CHUM 2010 reçoit bien le rapport. Le directeur adjoint du projet, Sylvain Villiard, explique toutefois que la Ville devra pousser à la roue.

«Nous avons déposé les études de circulation qui concernaient notre périmètre d'implantation. La question des bretelles ne regarde par le CHUM, pas plus que le recouvrement de l'autoroute, mais nous sommes prêts à collaborer si on nous en fait la demande.»

M. Villiard ajoute qu'il a l'intention de demander à ses architectes de voir comment ils peuvent réviser les hauteurs qui donnent rue Saint-Antoine, (18 étages). Mais il est hors de question d'acheter d'autres terrains pour diminuer le volume des bâtiments.

M. Villiard explique enfin qu'il sera difficile de conserver davantage que les contreforts de l'église en raison des dimensions du CHUM et du budget de 1,6 milliard à respecter. «Nous n'avons pas un budget illimité», a-t-il rappelé.