Le dossier présente les «hypothèses de travail» sur lesquelles se sont basés le ministère et le CHUM pour déterminer les paramètres du futur hôpital. L'élément central est le suivant : à l'avenir, le CHUM se concentrera sur les soins tertiaires et quaternaires et n'offrira que très peu de soins de première ligne.

«Historiquement, le CHUM a soigné tout le monde. Mais il doit se concentrer sur les soins de pointe», dit le ministre Bolduc.

Le document explique que «le CHUM doit transférer certaines activités». Les soins de première ligne seront ainsi redirigés en grande partie vers l'hôpital Notre-Dame, qui sera transformé en hôpital local. Les autres centres de santé et de services sociaux (CSSS) existants, «incluant ceux du 450», devront aussi offrir plus de soins de première ligne, dit le document.

En précisant ainsi les missions de chacun, le CHUM verra son nombre d'hospitalisations passer de 31 000 par année à 22 000 en 2010.

L'amélioration des technologies jouera aussi un rôle car un nombre croissant de patients seront traités à l'externe et n'auront pas besoin d'être hospitalisés. Les chirurgies d'un jour vont aussi se multiplier.

Pour respecter ses objectifs, le nouveau CHUM devra également éviter de garder des patients trop longtemps et les «retourner dans leur établissement d'origine ou dans le milieu approprié lorsqu'ils ne requièrent plus de séjourner au CHUM».

«Il faut se demander : c'est quoi les besoins réels du CHUM. On a évalué les besoins à 700 lits. Et ce sera suffisant», dit le ministre Bolduc.

Les prévisions du CHUM indiquent aussi que le nombre de visites aux urgences passeront de 116 000 en 2007 à seulement 66 000 en 2010. Cette baisse est en partie due au fait que l'hôpital Notre-Dame aura «un important service d'urgence» et pourra donc traiter une bonne partie de la clientèle du CHUM actuel.

Même les chirurgies générales diminueront de 30 % dans le futur CHUM. Les chirurgies d'un jour subiront une baisse de 32 %. Une partie de ces opérations se feront à l'hôpital Notre-Dame. Certaines chirurgies, dont celles de la cataracte, seront aussi faites dans des centres médicaux spécialisés affiliés, dit le document.

Tel qu'annoncé, la majorité des soins de psychiatrie seront offerts à l'hôpital Notre-Dame. Alors que 820 patients psychiatriques sont hospitalisés chaque année au CHUM, le nouvel édifice ne prévoit accueillir que 289 patients de cette catégorie.

Les toxicomanes aussi seront dirigés à Notre-Dame. Alors qu'ils sont actuellement 697 chaque année à fréquenter le CHUM, ils ne seront que 387 en 2010 selon les prévisions du CHUM.

Le ministre Bolduc est formel : le CHUM sera assez grand pour remplir sa mission. «Les médecins disent qu'ils vont manquer de lits. Sur quoi ils se basent ? Nous, on travaille avec des données de population et de consommation», dit le ministre.

Il ajoute que la population du centre-ville de Montréal n'augmentera pas, et qu'il ne faut donc pas penser que la demande pour des soins de santé ira en augmentant sur le territoire. Quand on lui fait remarquer que la population vieillira, le ministre réplique ; «Oui. Mais dans ce cas-là, c'est des lits de CHSLD (centre hospitalier de soins de longue durée) qu'on aura besoin.»

Licenciements en vue ?

Puisque le futur CHUM délaissera des activités de première ligne et diminuera le nombre de lits d'hospitalisation, le nombre de médecins qui y travaille devra être revu à la baisse. Le ministre reconnaît qu'«on ne paiera pas des docteurs s'il n'y a pas de clients».

Mais selon lui, le fait que plusieurs médecins prendront leur retraite dans les prochaines années fait que le CHUM n'aura pas besoin de faire des licenciements. D'autant plus que, selon lui, certains médecins vont préférer rester à l'hôpital Notre-Dame.