Des vérifications doivent se poursuivre jusqu'en mai au sein de l'expérience internationale Opera où des neutrinos avaient été mesurés à vitesse supraluminique, a déclaré jeudi un porte-parole du Cern, reconnaissant qu'un câble a pu «induire un petit décalage» lors de la mesure.

Selon des informations publiées mercredi sur un blogue de la revue scientifique américaine Science, «une mauvaise connexion entre un GPS et un ordinateur est sans doute à l'origine de l'erreur».

Interrogé par l'AFP, Arnaud Marsollier, porte-parole, a déclaré qu'il «n'est pas vrai» de parler de «câble débranché», car les chercheurs «l'auraient repéré tout de suite». Mais, a-t-il reconnu, «il y a un câble dont ils pensent qu'il peut effectivement induire un petit décalage».

«Ils ont un doute sur l'impact que cela peut avoir sur la mesure», a-t-il ajouté.

Les vérifications doivent également porter sur «un oscillateur qui permet d'avoir une bonne mesure de la synchronisation du temps» entre les installations du Centre européen de recherches nucléaires (Cern) à Genève et le laboratoire souterrain de Gran Sasso (Italie) situé à 730 km, a-t-il précisé.

L'annonce en septembre par les chercheurs de l'expérience Opera que des neutrinos, fantomatiques particules, avaient dépassé la vitesse de la lumière, en contradiction avec la théorie de relativité d'Einstein, avait ébranlé les physiciens, toujours nombreux à douter de la validité de telles mesures.

C'est «une expérience compliquée, il y a une multitude de cables, de dispositifs», souligne M. Marsollier. «Les physiciens ont vérifié, continuent de vérifier et vont revérifier», insiste-t-il.

Mais, il «n'est pas prévu, au moins jusqu'à présent, d'avancer des tests complémentaires sur Opera» prévus en mai. Donc, si ce calendrier est maintenu «on ne saura pas avant le mois de mai», conclut-il.

Les résultats publiés l'an dernier par Opera étaient pourtant le fruit de trois ans de données et de l'observation de plus de 15 000 neutrinos, avec une marge d'erreur record de seulement 10 milliardièmes de seconde.

Sur une «course de fond» de 730 km, les neutrinos franchissaient la ligne d'arrivée avec près de 20 mètres (ou 60 nanosecondes) d'avance sur la lumière, selon les mesures effectuées.

Selon Science qui cite sans les nommer «des sources proches de l'expérience», les 60 nanosecondes d'avance des neutrinos semblent provenir d'un mauvais branchement entre une fibre optique qui connecte le GPS utilisé pour corriger le moment précis où les neutrinos arrivent et une carte électronique dans un ordinateur.