Un souvenir de Patrick Roy? Ce n'est pas assez. Car comme vous, je compte 100, 500, 1000 souvenirs, bons et moins bons, de la carrière du meilleur gardien de l'histoire de la LNH. Un seul? O.K. d'abord !

Il remonte au printemps 1993.

Je vivais en Outaouais. À Hull. Le sang qui coulait dans mes veines n'avait pas encore changé de couleur. Il était bleu. Plus bleu que le bleu de tes yeux...

 

Et en 1993, le printemps s'annonçait beau et bleu.

Les Nordiques étaient forts. Non! Ils étaient très forts.

Battre le Canadien en première ronde semblait une formalité.

Les deux premiers matchs l'ont d'ailleurs confirmé. Victoire de 3-2 en prolongation au Colisée. Récidive plus convaincante encore de 4-1 deux jours plus tard.

Québec était en liesse.

À Hull, je triomphais.

Sans être un grand parieur, j'aime bien y aller de quelques mises amicales, histoire de mettre du piquant dans les séries et de me donner le droit de tourner le fer dans les plaies vives de ceux à qui j'arrache quelques huards.

Mais voilà! Avec mon club en avance 2-0, j'ai décidé de narguer les rivaux. Coup de téléphone après coup de téléphone, j'offrais à mes victimes des propositions malhonnêtes. Le genre de propositions que les plus vils «shylocks» offrent à leurs meilleurs clients: on double la mise, mais si le Canadien revient et l'emporte, je te paye quatre fois le montant initial.

Vous voyez le genre... Aie! L'ours était traqué. Il était dans la mire et il ne restait qu'à le tuer.

Mais il n'était pas mort.

Et comme le dit le proverbe, mieux vaut attendre que l'ours soit mort avant de vendre sa peau.

De retour à Montréal, le Canadien a remporté une victoire de 2-1 en prolongation.

Le vent tournait. Et il a tourné définitivement lorsque Alexei Gusarov a fait dévier la rondelle derrière un Ron Hextall complètement éclipsé par Patrick Roy dans cette série.

Roy a ensuite guidé le Canadien vers une victoire de 5-4 en prolongation dans un match qui a peut-être sonné le glas des Nordiques à Québec.

Il a remporté huit autres matchs de suite en prolongation pour ensuite signer la deuxième de ses quatre conquêtes de la Coupe Stanley.

Hextall est parti, Sundin est parti et un peu plus tard, les Nordiques sont aussi partis. Et c'est à Denver, avec Patrick Roy devant le filet, que les anciens Nordiques ont remporté une coupe qui aurait dû défiler sur la Grande Allée.