«Les gens, tout ce qu'ils veulent, c'est la paix», résume le sergent Stéphane Pilon, officier responsable de la patrouille à vélo.

À Laval, la quiétude et le sentiment de sécurité des citoyens arrivent en tête de liste des préoccupations des policiers.

Il y a deux ans, le sergent de 42 ans a convaincu les autorités de doubler ses effectifs. L'été, une vingtaine de policiers font la tournée des parcs de l'île Jésus. Leur mandat: appliquer les règlements municipaux (pas d'alcool, couvre-feu à 22h, bruit, etc.). Leurs clientèle principale: les jeunes qui s'attroupent, boivent de la bière, fument des joints.

Les policiers de la patrouille estivale fonctionnent selon deux méthodes: soit ils patrouillent dans les parcs qui ont fait l'objet de plaintes, soit ils répondent à des appels d'urgence.

«C'est ça qu'on veut voir dans les parcs», résume le sergent François Dumais en montrant des enfants qui grimpent dans un module au parc Isabelle, dans le quartier Vimont. Un peu plus loin, des jeunes jouent au baseball.

Le soir tombe. Deux patrouilleurs, Jason Gallant et Éric De Carvalho, sortent leurs vélos d'une fourgonnette - des Rocky Mountain munis d'un coffre rempli de constats d'infraction et d'une trousse de premiers soins.

Même si les gangs semblent être la bête noire des Lavallois, le sergent Pilon assure qu'ils n'occupent aucun parc de l'île.

Il demande à ses troupes de faire preuve de jugement dans leurs interventions. C'est pourquoi ils donnent plus d'avertissements que de contraventions, sauf pour la drogue, où c'est tolérance zéro. Et les jeunes qui fument des joints dans les parcs de banlieue sont légion. «Les jeunes nous disent souvent: où voulez-vous qu'on aille? Mais notre rôle est de redonner aux gens leurs espaces verts», explique le sergent Pilon.

Lors de notre passage, la patrouille estivale débutait. En un mois, 450 constats et 600 avertissements avaient été remis en 1200 visites dans les parcs.

Les jeunes qui se trouvent dans un parc après 22h doivent payer 100$ d'amende. Pour la consommation d'alcool, c'est 50$.

Devant la cour de l'école élémentaire anglaise Our Lady of peace, dont les murs servent souvent de toile aux graffiteurs, Éric De Carvalho, en retrait, observe avec des jumelles un groupe de jeunes en train de jouer au basketball.  

Les deux patrouilleurs s'élancent finalement vers les adolescents, pris de court par leur arrivée furtive. Les policiers leur demandent leurs papiers - simple formalité, disent-ils.

Les jeunes n'ont rien à se reprocher. «N'oubliez pas que le parc ferme à 22h», leur lance un des policiers avant d'enfourcher son vélo.

Un peu plus tard, dans la cour d'une autre école du quartier, les jeunes sirotent quelques bières dans le stationnement, accotés à des voitures. «On chill», explique l'un d'eux. Ils viennent de terminer une partie de hockey dans la cour de l'école; ils n'ont qu'une caisse de bière.

Les policiers décident de faire sortir tous les jeunes des véhicules et exigent leurs papiers d'identité. Un agent va vider le contenu des bouteilles dans un coin. L'un des jeunes s'en tirera avec une contravention. «Il ne coopérait pas», explique le policier.

L'adolescent, le cellulaire à l'oreille, appelle sa mère pour lui expliquer la situation. «Le policier n'aime pas ma face», croit-il d'un ton boudeur.

«Quatre-vingt-dix pour cent de nos interventions ressemblent à ça», explique le sergent Pilon.

Le reste de la soirée sera tranquille.

À notre départ, la banlieue dort. Soudain, trois adolescents lancent des sacs-poubelles remplis de gazon au milieu de la rue, devant la voiture de police.

Manque de bol, les agents les obligent à tout ramasser. L'un d'eux tente de fuir à pied, mais la fourgonnette de la police lui barre le chemin sur le trottoir. «C'est leur idée à eux», se défend-il en montrant ses amis.