Luigi Coretti, patron de l'entreprise en faillite BCIA, a été arrêté hier matin par la Sûreté du Québec (SQ) pour fraude. L'homme d'affaires, connu pour avoir fourni une carte de crédit à l'ancien député Tony Tomassi, est accusé d'avoir berné des institutions financières.

L'enquête de la SQ aurait permis de démontrer que l'homme de 47 ans «aurait surévalué des comptes clients de manière à obtenir du financement d'institutions financières». Cette enquête avait été déclenchée en octobre 2010 après des rencontres avec des témoins, précise la SQ.

Le Mouvement Desjardins avait perdu 12,5 millions dans la faillite, en mai 2010, du Bureau canadien d'investigation et ajustement, firme de sécurité mieux connue sous son acronyme BCIA. Plus de 4 millions des fonds FIER et Investissement Québec s'étaient également évaporés dans cette aventure. Les deux institutions avaient porté plainte à la SQ en septembre 2010 après avoir mené enquête sur la gestion de l'entreprise.

Environ 160 créanciers avaient dû faire une croix sur 14,6 millions de dollars lors de la faillite de BCIA - dont près de la moitié revenait à Desjardins. La firme de sécurité devait également des milliers de dollars à plusieurs des quelque 800 employés qu'elle comptait au Québec avant de fermer boutique.

Luigi Coretti a été libéré hier sous promesse de comparaître au palais de justice de Montréal à une date ultérieure. Selon son mandat d'arrêt, l'homme d'affaires de Laval fera face à quatre chefs d'accusation, soit deux chefs pour fraude de plus de 5000$, un pour fausses déclarations et un dernier pour fabrication de faux documents. Les faits reprochés à M. Coretti se seraient produits entre 2005 et 2010, précise la SQ.

L'arrestation de Luigi Coretti est liée au dossier pour lequel Tony Tomassi se trouve actuellement devant les tribunaux, précise le bref communiqué de la SQ diffusé hier matin. Le corps policier souhaite d'ailleurs se faire avare de commentaires dans cette histoire pour ne pas nuire au processus judiciaire amorcé contre l'ancien député. L'enquête préliminaire de l'ex-ministre libéral est prévue en septembre.

Tony Tomassi avait été accusé en octobre 2011 d'avoir accepté de la firme BCIA «un prêt, une récompense, un avantage ou un bénéfice» en échange de l'influence que l'ancien député aurait pu exercer concernant la conclusion d'une affaire avec le gouvernement.

Une carte de crédit de BCIA aurait servi à payer de l'essence à l'ancien député, et ce, même s'il recevait une allocation pour ses frais de transport. En échange, il aurait tenté d'influencer le gouvernement.

Tony Tomassi avait été démis de ses fonctions et expulsé du caucus libéral en mai 2010. C'est seulement deux ans plus tard, en mai 2012, qu'il a finalement annoncé sa démission par un bref communiqué.