Le Groupe PR Maintenance a décidé mercredi de ne pas acheter l'actif de l'agence de sécurité BCIA, qui s'est placée sous la protection de la Loi sur la faillite le mois dernier. À moins d'un imprévu, cela signifie que les créanciers perdront tout et que les employés devront se trouver du travail ailleurs.

«La relance de BCIA n'apparaît plus comme un projet viable», a dit Frédéric Tremblay, porte-parole de PR Maintenance, groupe de Terrebonne qui se spécialise dans la gestion et l'entretien d'immeubles.

«La perte des clients de BCIA fait en sorte qu'il serait très difficile de relancer l'agence, a ajouté M. Tremblay. L'actif, c'est la clientèle. Mais il y en a de moins en moins.»

Il y a deux semaines, le président de PR Maintenance, Pierre Robitaille, affirmait que son groupe avait «des plans prometteurs pour BCIA». «Il faut se rappeler que BCIA, fondée en 1998, donne de l'emploi à près de 1000 personnes, affiche un chiffre d'affaires de près de 30 millions de dollars et dessert une clientèle diversifiée formée d'importants clients institutionnels et privés», indiquait M. Robitaille dans un communiqué.

Controverses

BCIA est au centre de plusieurs controverses. L'une d'elles a coûté son poste au ministre Tony Tomassi, qui a admis avoir reçu une carte de crédit du président de l'agence, Luigi Coretti. La Sûreté du Québec a ouvert une enquête sur l'agence. Le Directeur général des élections enquête pour sa part sur des contributions des dirigeants de BCIA au Parti libéral du Québec.

Les employés ont cessé d'être payés de façon régulière. Certains d'entre eux ont refusé de travailler. Dans ce contexte, plusieurs clients ont rompu leurs contrats avec BCIA. Mercredi, la Ville de Laval a résilié le sien, alors qu'elle venait de le renouveler pour la surveillance des édifices de son corps de police.

«À moins qu'un nouvel acheteur se manifeste, c'est le début de la fin pour BCIA», a dit mercredi Dominic Lemieux, le représentant des Métallos, le syndicat qui regroupe les 800 employés de l'agence au Québec (les autres travaillent pour une filiale ontarienne).

En vertu de la convention collective, la plupart des employés pourront se faire embaucher par les agences qui ont repris les contrats de BCIA. L'agence a été remplacée par Secur-Action au Service de police de la Ville de Montréal, par Garda à l'Agence métropolitaine de transport et par Gardium à l'arrondissement de Verdun, entre autres.

«C'est un nouvel épisode qui s'ajoute dans la saga de BCIA, a ajouté M. Lemieux. Les employés ont juste hâte que tout ça se termine.»

Une assemblée des créanciers est prévue jeudi prochain. En fin de journée, mercredi, le syndic Sylvain Lachance affirmait que BCIA négociait avec un autre repreneur. Il n'avait toutefois aucun détail.

Advenant la faillite et la liquidation des biens de l'entreprise, les créanciers n'obtiendraient probablement rien. Leurs créances seraient en effet remboursées après les employés (1,8 million), le fisc (500 000 $), le prêteur temporaire Gamarco (400 000 $) et les professionnels qui ont travaillé à la restructuration (300 000 $), indique M. Lachance, du syndic Demers Beaulne.

Tout résidu improbable irait à la Caisse centrale Desjardins. Cette dernière perdrait donc 5,6 millions, le fonds Capital régional et coopératif Desjardins, 4 millions, les fonds gouvernementaux FIER, 4 millions, et Investissement Québec, 1,3 million. Les 140 autres créanciers perdraient tout.