Ceux qui souhaitaient voir la Ligue de hockey junior majeure du Québec (LHJMQ) abolir complètement les bagarres seront déçus.

Le commissaire de la LHJMQ, Gilles Courteau, a annoncé hier à Montréal en conférence de presse pour le lancement de la 40e saison de la ligue une série de nouveaux règlements pour enrayer les débordements de violence, ainsi que des mesures pour contribuer à diminuer le nombre de bagarres. Mais pour une bataille entre deux joueurs consentants, c'est le statu quo.«Nous n'avons pas de problème spécifique avec les bagarres, car ce n'est pas un problème dans notre ligue», a soutenu M. Courteau. Par contre, avec les décisions prises par les gouverneurs et les directeurs généraux lundi dernier, notre ligue deviendra la plus sévère et la plus rigoureuse au pays en matière de prévention et de sanctions quant à la violence gratuite dans le hockey junior.»

Les journalistes ont demandé à maintes reprises hier à Gilles Courteau d'expliquer pourquoi il n'avait pas opté pour l'abolition des bagarres, ou à tout le moins pour des mesures très musclées afin de les faire disparaître, comme il avait dit le souhaiter le printemps dernier, et comme la ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport Michelle Courchesne l'espérait ardemment. Le commissaire de la LHJMQ s'est borné à dire que les bagarres ne constituaient pas un problème dans la Ligue de hockey junior majeure du Québec et il a rappelé que le nombre de bagarres par match est passé de 2,4 au cours de la saison 1993-94 à 0,9 l'an dernier.

D'ailleurs, la seule proposition du comité consultatif - mis sur pied par Gilles Courteau et dont les recommandations constituent le fondement des nouvelles mesures - rejetée par la Ligue s'en prenait aux bagarreurs consentants. Le comité présidé par Jacques Tellier et Danielle Sauvageau suggérait en effet qu'on impose une punition de 10 minutes supplémentaires à tout joueur impliqué dans une bagarre, ce qui aurait porté le nombre total de minutes de punition à 15 pour une participation à une bagarre.

Certaines des mesures annoncées hier contribueront cependant vraisemblablement à réduire le nombre de bagarres et surtout à enrayer certaines formes d'intimidation. L'instigateur d'une bagarre, celui qui jette ses gants le premier ou qui invite un adversaire à se battre, sera désormais expulsé d'un match alors que l'an dernier, il n'avait aucune autre punition supplémentaire à purger qu'un cinq minutes pour s'être battu.

Un règlement semblable est déjà en vigueur dans la Ligue nationale de hockey, alors que l'instigateur reçoit une mineure de deux minutes, une majeure de cinq minutes pour s'être battu et un 10 minutes de mauvaise conduite. La nouvelle mesure de la LHJMQ est donc plus sévère que dans la Ligue nationale, mais elle entre en vigueur 16 ans après que la LNH eut décidé de s'attaquer au problème.

On a aussi prévu un règlement pour punir plus sévèrement les agresseurs. Ainsi, on catégorise désormais la gravité des agressions. L'an dernier, tout agresseur recevait une suspension d'un match et voyait le préfet de discipline de la ligue décider si une suspension plus longue était nécessaire. Cette année, une agression de deuxième degré (la plus grave des deux) entraînera une suspension automatique de 15 matchs.

«L'agression de Jonathan Roy sur Bobby Nadeau serait considérée comme une de deuxième degré», a fini par admettre Gilles Courteau hier.

À la suite des incidents disgracieux de mars dernier entre les Remparts de Québec et les Saguenéens de Chicoutimi, Roy avait écopé d'une suspension de sept rencontres. Le fils de Patrick Roy se serait probablement exposé à une suspension supplémentaire de cinq matchs, puisqu'il a participé à une deuxième bagarre au cours du même arrêt de jeu, une autre nouvelle mesure mise de l'avant par la Ligue.

La LHJMQ a aussi prévu imposer des amendes aux organisations pour des gestes disgracieux qui seraient commis par leurs joueurs. Une amende de 5000$ et une suspension automatique de deux matchs à l'entraîneur seront imposées à l'équipe dont tous les joueurs en viendront aux prises au cours d'un même arrêt de jeu. On prévoit aussi des amendes de 500$ pour l'équipe dont le joueur écopera d'une punition d'agresseur ou d'instigateur dans une bagarre.