Clovis a 24 ans. Il vient d'une famille qui connaît bien le milieu du sexe : sa grand-mère était gérante d'un bar de danseuses ; sa mère a été danseuse et il a des oncles qui ont dansé dans des clubs. Du coup, Clovis a commencé à danser à 18 ans. À 21 ans, il était escorte.

Il a connu les familles d'accueil. Il dit qu'il est bien dans sa tête aujourd'hui. Il reçoit ses clients chez lui pour un massage de 80 $. Si le client en veut plus, le prix monte à 150 ou 200 $. Il dit bien vivre de l'escorte, gagnant plus de 50 000 $ par an. Mais il fait partie de sept agences. Il doit donc partager ses revenus. «Tu dois même payer le chauffeur», dit-il. Et il s'achète de la drogue : du pot, de la cocaïne et du GHB. «L'argent me brûle les doigts», dit-il.

Prudent, il se fait tester tous les trois mois. «C'est une protection pour moi et pour le client, dit-il. Il faut qu'il y ait un minimum d'assurance. Je suis quand même dans la plus belle période de ma vie. Et je suis en amour avec un client.»

Clovis dit que ce qu'il fait est temporaire. Il veut s'inscrire dans une école médicale de Floride. Il a aussi des idées pour encadrer la prostitution. Il veut qu'on légalise des bordels. «Les prostitués pourraient être protégés, dit-il. Il y aurait moins de problème avec les maladies transmissibles, donc ça coûterait moins cher à l'État, et avec tout l'argent qu'on gagne, le gouvernement en prendrait une partie et ferait de l'argent.»

Selon Clovis, il ne faut pas s'apitoyer sur les jeunes qui vendent leur corps pour de la drogue. «Ils ont choisi leur voie, dit-il. Moi, à 15 ans, j'avais choisi. Tu as toujours le choix. Ces jeunes vont s'en sortir.»

«Tu vois, ce gars, là, qui fait de la publicité dans la revue Fugues, dit-il en montrant une photo. Je l'ai connu. Lui aussi faisait la pute dans le parc Charles-S.-Campbell. Et bien, il s'en est sorti, finalement.»