Le gouvernement tarde toujours à payer la facture de l'opération de vaccination contre la pandémie de l'automne dernier. Or, à l'approche du budget, l'inquiétude grimpe dans le réseau de la santé et des services sociaux devant la probabilité de restrictions budgétaires.

Le bilan annuel de l'Association des établissements de santé, que La Presse a obtenu, précise que le réseau attend toujours du Ministère le remboursement des quelque 120 millions de dollars qu'a coûté la vaccination contre la grippe A (H1N1).

Avec cette facture en souffrance, le déficit de l'ensemble des 130 établissements totalise 222 millions de dollars, selon ce document daté du 19 mars.

Depuis 2003, le Ministère éponge automatiquement, chaque année, les 125 premiers millions de déficit qui viennent habituellement des hôpitaux les plus importants. C'est toujours dans la région de Montréal que les budgets sont le plus clairement grevés - 56% des dépassements, ou 81 millions écrits à l'encre rouge, proviennent des hôpitaux et établissements de l'île de Montréal.

Appelée à commenter le document émanant de son organisme, la directrice Lise Denis reconnaît que l'inquiétude est grande dans le réseau quant au financement de l'an prochain. Pour les personnes âgées, par exemple, les fonds n'ont pas augmenté d'un sou durant la dernière année. «Quand on regarde ce qui se passe à Montréal et un peu partout, on n'aura pas le choix d'augmenter les ressources pour aider les personnes âgées à demeurer chez elles», résume Mme Denis.

Le gouvernement se fait tirer l'oreille pour la facture de la pandémie. «Ils ont dit qu'ils paieraient, ils nous disent de ne pas nous inquiéter, mais personne n'a donné de réponse», observe-t-elle.

11% de plus aux médecins

L'an passé, pour 2009-2010, le dernier budget de Monique Jérôme-Forget avait annoncé une croissance de 5,7% du financement de la santé. Mais à y regarder de plus près, on observe que la rémunération des médecins a augmenté de 11%, conséquence, d'une part, des ententes signées avec les omnipraticiens et les spécialistes et, d'autre part, de l'augmentation du nombre de médecins. Les frais de l'assurance médicament ont quant à eux grimpé de 8%.

Cela laisse le réseau de la santé avec une croissance bien moins généreuse de 4,2% l'an dernier, une augmentation qui pourrait être encore rognée cette année. La cible globale de 3,2% de croissance pour l'année qui débute représente un important réalignement. Dans les coulisses, on entend déjà que, dès 2011-1012, on essaiera de freiner encore davantage les dépenses.

La masse salariale a augmenté de 5,4% depuis un an, mais, encore là, ce chiffre cache une réalité bien différente. Si on regarde le travail des infirmières d'agences privées, on observe que leurs heures ont augmenté de 16% et que les coûts de ce travail «indépendant» se sont accrus de 10,8%.