Le Canada vient de connaître sa pire semaine depuis le début de la pandémie de grippe A (H1N1) avec 37 nouveaux décès. Une enquête est en cours pour déterminer si l'un d'eux pourrait être lié à l'administration du vaccin.

Au cours des derniers jours, un octogénaire est décédé au Québec alors qu'il avait reçu le vaccin. L'homme, qui souffrait de plusieurs maladies sous-jacentes, a été vacciné dès la première semaine de la campagne de vaccination.

 

Il aurait fait un choc anaphylactique, mais s'en serait remis. Il est ensuite mort huit jours plus tard. Une enquête est en cours pour déterminer s'il existe un lien entre son décès et le fait qu'il ait été vacciné.

Il ne faut pas craindre le vaccin pour autant, assure le ministre de la Santé, Yves Bolduc. «Si l'on regarde le nombre de personnes qu'on a sauvées grâce au vaccin, c'est beaucoup mieux de se faire vacciner que de craindre une réaction et de rester à la maison.»

À ce jour, près de 1,5 million de personnes ont été vaccinées au Québec. La santé publique a dénombré 23 cas d'effets secondaires importants, pour la plupart des chocs anaphylactiques ou des réactions allergiques.

Les décès «sont des événements qui sont rares», complète le Directeur de la protection de la santé publique, le Dr Horacio Arruda. «Les données qu'on a obtenues ne nous permettent pas de dire que le vaccin est dangereux.»

Au Canada, ce sont près de 6,6 millions de personnes qui ont été vaccinées. Un total de 36 réactions sévères ont été confirmées à ce jour. Une investigation est menée dans chaque cas. Une douleur localisée, des rougeurs après la vaccination ou une légère fièvre sont toutefois des effets normaux.

«Dans toutes les campagnes de vaccination, on prévoit que dans une minorité de cas, des effets indésirables majeurs puissent survenir», indique l'administrateur en chef de la santé publique, le Dr Butler-Jones.

Il précise du même souffle que le Canada se trouve en deçà du taux attendu d'un effet secondaire majeur pour 100 000 personnes vaccinées.

«Le taux que l'on voit est comparable avec ce que l'on voit normalement avec le vaccin contre la grippe saisonnière», ajoute-t-il.

À titre comparatif, la France rapportait hier quatre effets secondaires importants après avoir vacciné 100 000 personnes.

Les personnes qui font une allergie sévère aux oeufs sont les seules qui ont une contre-indication pour le vaccin. Mais même elles peuvent, dans la plupart des cas, être vaccinées sans problème dans un hôpital, sous supervision.

Sombre bilan

Par ailleurs, le Canada frôle le cap des 200 décès depuis que la pandémie de grippe A (H1N1) s'est déclarée, au printemps dernier. Le dernier bilan fait état de 198 morts, dont 37 qui sont survenus au cours des derniers jours. C'est la semaine la plus sombre depuis le début de la pandémie. L'on s'attend à ce que le sommet de la deuxième vague frappe vers la fin du mois de novembre.

La majorité des personnes atteintes ne sont pas très malades. Mais le problème avec un nouveau virus, «c'est qu'il est difficile de prédire qui développera une forme sévère de la maladie au point d'être hospitalisé ou peut-être même d'en mourir», souligne le Dr Butler-Jones.

En ce sens, il rappelle l'importance de la vaccination comme moyen de limiter la propagation de la grippe. À ce jour, un Canadien sur cinq est immunisé.

Tant Ottawa que Québec reconnaissent désormais qu'il sera difficile de vacciner l'ensemble de la population avant les Fêtes. L'Agence de la santé publique du Canada espère maintenant y parvenir avant la fin du mois de décembre.

Du côté de Québec, la vaccination peut aller rondement si les vaccins sont disponibles, rappelle le ministre Bolduc qui aurait bien aimé y parvenir pour Noël.

«C'est certain que si l'on a des problèmes d'approvisionnement sur lesquels on n'a pas de contrôle, c'est possible qu'il y ait un délai à ce moment», reconnaît le ministre.