Au moment où Québec annonce quatre nouveaux décès en lien avec la grippe A (H1N1), les commissions scolaires planifient le transport des élèves vers les centres de vaccination. Cette opération d'envergure pourrait concerner plus de 100 000 élèves.

«Pour faciliter le transport des jeunes vers les centres de vaccination, une offre de transport scolaire sera proposée dans toutes les régions du Québec», a confirmé en conférence de presse le ministre de la Santé du Québec, Yves Bolduc.Quelques régions ont déjà commencé la vaccination des enfants de 5 à 19 ans, et toutes les autres régions suivront dans les prochains jours. Depuis le début de la deuxième vague de la pandémie, 52% des cas de grippe A (H1N1) confirmés touchent des jeunes de moins de 20 ans.

Le ministre Bolduc a précisé que les parents seront informés sous peu des modalités de ce transport. Il a ajouté que le consentement des parents sera nécessaire pour les enfants de moins de 14 ans.

D'emblée, le ministre a aussi expliqué que la formule pourrait varier d'une région à l'autre. Ainsi, dans les régions éloignées, il est possible que la vaccination ait lieu à l'école.

Ce ne sera pas le cas dans la majorité des commissions scolaires, a toutefois prévenu le Dr Horacio Arruda, directeur de la protection de la santé publique du Québec. Il a invoqué la campagne de vaccination de masse contre le méningocoque du groupe C, en 2001, pour justifier cette décision: «Pour vacciner 1,5 million de personnes, ça nous a pris plusieurs mois. Actuellement, on n'a pas plusieurs mois pour protéger le maximum de gens. On vise à vacciner l'ensemble de la population québécoise en six à huit semaines», a ajouté le Dr Arruda.

Déjà, la commission scolaire Marie-Victorin, à Longueuil, a indiqué jeudi qu'une opération de vaccination des écoliers se déroulera du 19 novembre au 4 décembre sur son territoire. Elle fera parvenir une lettre aux parents dans les prochains jours.

Les parents qui souhaitent faire vacciner leurs enfants eux-mêmes pourront le faire selon le calendrier prévu dans leur région, a ajouté le ministre.

Quatre nouveaux décès

Par ailleurs, quatre autres personnes ont succombé à des complications liées à la grippe A (H1N1) dans les dernières heures. Toutes avaient déjà d'autres problèmes de santé.

À Laval, un jeune homme de tout juste 21 ans a succombé à la maladie. En Montérégie, ce sont deux hommes âgés de 51 et 66 ans qui en sont morts. La dernière victime vivait dans la région de l'Estrie.

Ces décès portent à 24 le nombre de victimes de la grippe depuis le début de la deuxième vague de la pandémie. L'âge moyen des personnes atteintes depuis le 30 août est de 24 ans. En moyenne, toutefois, les personnes qui en meurent ont 62 ans.

Pas d'âgisme, se défend Bolduc

Hier, l'Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP) a réclamé que les personnes âgées soient vaccinées dès que possible. Roch Perreault, vice-président de l'Association, a dit que les aînés malades étaient victimes d'«âgisme» de la part du gouvernement.

«L'âgisme se définit comme une discrimination basée sur l'âge. C'est exactement ce qui se produit dans la campagne de vaccination actuelle. En effet, les personnes atteintes de maladie chronique et qui ont 65 ans ou plus doivent encore attendre, alors que toutes les autres personnes atteintes de maladie chronique peuvent se faire vacciner», a-t-il dit.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a rappelé que les personnes âgées atteintes d'une maladie chronique pourraient se faire vacciner avant la population en général. «On ne peut certainement pas, moi, m'accuser de ça. J'ai travaillé avec les personnes âgées dans une bonne partie de ma pratique», a-t-il rétorqué avant d'ajouter que la vaccination des personnes âgées malades commencera immédiatement après celle des enfants de 5 à 19 ans.

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Attention au virus résistant

Les médecins devraient faire preuve de prudence lorsqu'ils prescrivent le Tamiflu, à titre préventif, aux personnes ayant déjà été exposées au virus de la grippe A (H1N1), car ce médicament antiviral pourrait encourager l'apparition de la maladie. C'est que laisse sous-entendre un chercheur de l'Université Laval, le Dr Guy Boivin, dans une étude dont les résultats ont été publiés cette semaine dans le New England Journal of Medicine. Le Dr Boivin a étudié l'un des premiers cas de résistance au virus au monde, un Québécois souffrant de problèmes chroniques aux poumons. Il y a quelques années, le virus saisonnier de la grippe A (H1N1) était devenu résistant au Tamiflu pour des raisons qui demeurent encore inconnues.