Au moment où des centaines de Québécois et de Canadiens font la file, par ordre de priorité, pour obtenir un vaccin contre la grippe A (H1N1), l'idée que des détenus afghans sous responsabilité canadienne puissent être immunisés avant une majorité de la population a soulevé la colère, hier, de la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq.

Sur le terrain, après avoir demandé un avis juridique, les Forces canadiennes ont déclaré hier à la Presse Canadienne que les prisonniers afghans, dont plusieurs sont soupçonnés de liens avec les talibans, seraient vaccinés à partir d'aujourd'hui.Suivant les principes de la convention de Genève, les détenus appréhendés par le Canada doivent être traités au même titre que les soldats quand il est question de santé, ont indiqué les autorités militaires.

Considérés comme un groupe prioritaire, les soldats canadiens en poste en Afghanistan ont reçu le vaccin la semaine dernière, et jusqu'à présent autour de 2000 sur 2800 auraient été immunisés.

«Nous avons dit depuis le début que notre priorité était que les Canadiens se fassent vacciner. Donc la nouvelle m'a beaucoup troublée, a souligné Mme Aglukkaq, réagissant en conférence de presse. Et je peux vous dire que ce n'est pas nous qui avons pris cette décision scandaleuse.»

La ministre a affirmé avoir appris la nouvelle «une heure plus tôt», donc par les médias. Elle a aussitôt demandé à son équipe de faire «toute la lumière» sur la situation.

En soirée, des porte-parole du ministère de la Défense nationale ont rappelé les médias pour préciser que les soins de santé offerts aux prisonniers afghans sous responsabilité canadienne se font au cas par cas.

«Les Forces canadiennes fournissent des soins médicaux appropriés aux détenus. Le vaccin contre la grippe A (H1N1) sera offert aux détenus en fonction des besoins médicaux et en ce moment, il n'existe aucun plan d'immunisation pour les détenus», a indiqué le major Jason Proulx, lisant une déclaration et refusant de répondre aux questions.

«Aucun détenu n'a été vacciné», a-t-il ajouté.

Partout au pays, l'activité grippale a continué à s'accentuer, a par ailleurs expliqué le Dr David Butler-Jones, administrateur en chef de la santé publique.

«On ne voit aucun signe de ralentissement», a ajouté M. Butler-Jones, qui estime que le pic de la maladie ne pourrait survenir qu'en décembre ou en janvier, mais qu'il est beaucoup trop tôt pour le dire.