La campagne de vaccination au Québec contre la grippe A (H1N1) connaît des retards alors qu'on assiste à une hausse du nombre de cas.

Des 800 000 doses nécessaires la semaine prochaine, il y en aura 236 000, soit environ quatre fois moins. La situation s'améliore toutefois, selon le docteur Alain Poirier, directeur national de santé publique du Québec. Il explique que pour la semaine qui se termine, le nombre de doses était encore moins élevé.

«Dans un monde idéal, on aurait voulu que le vaccin nous arrive des mois avant la deuxième vague. Ce n'est pas le cas. Nous sommes dans une course l'un contre l'autre».

Un véritable sprint s'est amorcé entre ce retour en force du virus et la vaccination de la population. D'autant qu'il n'est pas rare d'assister à une troisième vague dans les cas de pandémie. Ce nouvel épisode pourrait frapper en février ou en mars 2010.

«Il faut bien comprendre que ce virus-là ne va pas disparaître après la deuxième vague», insiste le directeur de la santé publique, qui précise que le vaccin sans adjuvant, acheté de l'Australie pour les femmes enceintes, sera distribué dès lundi.

S'il importe de poursuivre intensivement la campagne de vaccination, certaines cliniques affichent toutefois complet. Dans la région de Québec, des centres indiquent qu'il n'y aura pas de vaccins lundi et mardi prochains.

Du côté de la Sécurité civile, on parle d'efforts et de responsabilités partagés pour faire face à cette crise annoncée. Les ministères ont déjà élaboré des plans, notamment pour continuer d'offrir des services essentiels, même si plusieurs personnes se trouvent grippées au même moment. Pour l'heure, toutefois, la porte-parole Hélène Chagnon affirme que les autorités sont en «contrôle de la situation».

Alors que certains courent toujours contre la montre, elle invite la population à ne pas céder à un vent de panique. «Il faut continuer d'exercer ses activités régulières. L'étiquette respiratoire et le lavage des mains sont maintenus. Il n'y a pas une source d'inquiétude à avoir, pas plus qu'hier», indique-t-elle.

Néanmoins, depuis une semaine, les appels logés à la ligne téléphonique Info-Santé ont doublé. Pour pallier la demande, 25 infirmières supplémentaires ont été affectées à ce service public.

Une distribution généreuse

Alors que la livraison des vaccins tarde toujours, certains groupes réussissent à se frayer un passage dans les listes prioritaires.

Des employés de GlaxoSmithKline et leur famille, de même que des membres de conseils d'administration de quelques hôpitaux, ont déjà obtenu leur immunisation, et ce, sans appartenir à un groupe ciblé.

Le docteur Alain Poirier rectifie que pour l'entreprise pharmaceutique, l'entente négociée avec le gouvernement fédéral prévoyait déjà cette mesure particulière. «Depuis le début, il était clair que nos producteurs de vaccins pour tout le Canada seraient vaccinés en priorité», assure-t-il.

Il assure que le Québec n'a pas été privé de doses en raison de cette disposition, puisque les vaccins utilisés n'étaient pas comptabilisés dans les doses de la province, mais bien pour les «populations fédérales», qui comprennent également les membres de la Gendarmerie royale du Canada.

«L'autorisation de vacciner aussi les enfants des travailleurs de Glaxo semble avoir été donnée par l'Agence canadienne de santé publique. Si on m'avait posé la question, j'aurais répondu non. Tant mieux pour ces enfants, mais nous, officiellement, nous n'allons pas autoriser ce type d'accommodement, même s'il serait sympathique de le faire», ajoute le Dr Poirier, qui refuse d'accorder des passe-droits.

Le docteur Poirier indique que la Santé publique n'a pas accepté de répondre favorablement aux demandes multiples d'accommodements qui lui ont été soumises, soit pour permettre à la famille de groupes prioritaires d'être vaccinée, ou de déplacer des équipes sur des lieux de travail ou des écoles. Il justifie cette décision en raison de la forte pression et du nombre considérable de personnes qui doivent être immunisées.

En ce qui a trait aux membres des conseils d'administration de certains centres hospitaliers, Alain Poirier affirme ne pas avoir été mis au courant de cette pratique. «Nous n'avons pas accordé ces autorisations. Est-ce qu'il y en a eu? Ce n'est pas impossible, mais nous n'en avons pas autorisées et nous n'en recommanderons pas», maintient le Dr Poirier, qui répète que l'ordre prioritaire doit être respecté.