La propagation de la grippe A (H1N1) fait de plus en plus de dommages, mais le pire reste à venir, a prévenu Ottawa.

«Nous nous attendons à voir davantage de malades, et davantage de décès dans les prochaines semaines, à mesure que progresse la deuxième vague de la pandémie, a estimé hier l'administrateur en chef de la santé publique, le Dr David Butler-Jones, lors de la mise au point hebdomadaire du gouvernement fédéral. Il faut s'y préparer. Et c'est pourquoi la prévention demeure notre meilleur atout.»De plus en plus de régions au pays sont touchées par le virus, a soutenu Ottawa.

«Nous assistons à une intensification de l'activité grippale, a ajouté le Dr Butler-Jones. Le nombre d'hospitalisations, de recours aux soins intensifs et de décès a été cette semaine environ trois fois plus élevé que la semaine dernière.»

En date d'aujourd'hui, 6 573 900 doses auront été distribuées aux provinces et territoires par le fédéral. Près de 2 millions de plus seront envoyés la semaine prochaine, a répété la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq.

La responsabilité des provinces

Quant aux femmes enceintes, elles peuvent dorénavant recevoir le vaccin sans adjuvant, disponible dès maintenant, a annoncé Ottawa. Mais le gouvernement conservateur a dû, de nouveau, défendre sa gestion de la pandémie, alors que le quotidien Globe and Mail a rapporté hier que plus de la moitié des doses envoyées aux provinces et territoires étaient actuellement entreposées plutôt que d'être administrées à la population.

Le premier ministre Stephen Harper n'a pas hésité à rejeter la responsabilité sur les gouvernements provinciaux et territoriaux, qui sont en charge des campagnes de vaccination.

«L'approvisionnement du vaccin est maintenant beaucoup plus rapide que la capacité des provinces à le livrer (à la population)», a-t-il répliqué, en Chambre, face aux attaques de ses adversaires.

Ottawa a maintenu qu'il sera possible de vacciner tous les Canadiens qui le souhaitent avant la période des fêtes de Noël.

Pour le Parti libéral et le NPD, il est toutefois inconcevable que le fédéral ne participe pas davantage aux campagnes de vaccination, étant donné la confusion, les files d'attente et les pénuries temporaires constatées dans certains coins du pays.

«Nous savons que le pic de l'épidémie va venir à la fin du mois de novembre, pas à Noël. Il ne faut pas attendre jusqu'à Noël pour accomplir cette tâche importante», a souligné le député libéral Bob Rae, sommant le gouvernement d'intervenir, même si la santé demeure de compétence provinciale.

«Ce qui est vraiment important, c'est que le gouvernement fédéral s'assure qu'il y a un système de distribution qui fait en sorte que les vaccins sont administrés à la population, a souligné pour sa part le chef du NPD, Jack Layton. Les municipalités, les autorités de la santé et les provinces n'ont pas les ressources pour ouvrir suffisamment de cliniques, ce qui serait la meilleure solution.»

Alors que le gouvernement se targue depuis des jours d'avoir distribué davantage de doses par habitant que partout dans le monde, les libéraux ont démontré hier que l'Australie était largement en avance sur le Canada.

Selon les chiffres du ministère australien de la Santé, 5,5 millions de doses avaient été distribuées dans le pays en date du 30 septembre, pour une population totale de 22 millions. La vaste campagne de vaccination au Canada n'a commencé que le 26 octobre.

Les autorités de la santé ont réitéré, hier, l'importance de respecter les listes de priorité, établies par le fédéral et les provinces, alors qu'on a appris, dans les derniers jours, que les joueurs de deux équipes de la Ligue nationale de hockey, les Flames de Calgary et les Maple Leafs de Toronto, ont été immunisés avant certains groupes jugés prioritaires.

«On aime notre hockey, mais les joueurs ne sont pas considérés comme des groupes plus à risque, sauf s'ils ont des problèmes de diabète ou d'autres conditions médicales particulières, a souligné le Dr Butler-Jones. Ça démontre de l'intérêt pour le vaccin. Mais s'il vous plaît, attendez votre tour. Il y aura des vaccins disponibles pour tout le monde.»