Au moment où les files d'attente pour obtenir le vaccin contre la grippe A (H1N1) continuent de s'allonger un peu partout au pays et que le fédéral a laissé savoir qu'il recevrait moins de doses que prévu, les libéraux fédéraux ont obtenu la tenue d'un débat d'urgence au Parlement afin de trouver un moyen de mieux gérer la crise.

A la demande de la critique libérale en matière de santé, Carolyn Bennett, le président de la Chambre a accepté, lundi après-midi, de consacrer la soirée à un débat sur la pandémie de grippe H1N1 qui se propage au pays. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Bloc québécois avaient indiqué qu'ils appuyaient la demande des libéraux.

Mme Bennett veut, entre autres, voir Ottawa dépenser davantage d'argent pour mieux informer les citoyens qui sont de plus en plus confus, d'après elle, à cause des messages contradictoires qu'ils reçoivent sur la campagne de vaccination.

«La brochure de H1N1 a l'air aussi compliquée qu'une déclaration d'impôt», a-t-elle lancé, en point de presse.

La députée a ajouté que le gouvernement pourrait également débloquer des fonds pour aider les provinces à embaucher davantage d'infirmières, afin qu'elles viennent en aide à leurs collègues quand il y aura plus de doses de vaccin disponibles. Car les unités de santé publique doivent être rassurées à l'effet qu'elles pourront rémunérer ces infirmières, a fait valoir la députée de Toronto.

«Nous vivons une pandémie en ce moment. Nous voulons que le gouvernement ouvre sa tirelire et qu'il mette l'argent sur le terrain, où les gens en ont manifestement besoin maintenant», a résumé Mme Bennett.

La réponse du fédéral à la pandémie de grippe a d'ailleurs une fois de plus monopolisé la période des questions, aux Communes lundi, la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, ayant dû répondre à des attaques de tous les partis d'opposition.

Ce sont les libéraux qui ont mené le bal, le député Bob Rae accusant d'abord les conservateurs d'avoir failli aux deux responsabilités d'un gouvernement fédéral: soit d'avoir un approvisionnement stable de vaccins et d'informer la population du plan de lutte à la pandémie.

Le fabricant québécois du vaccin, GlaxoSmithKline, a fait savoir récemment qu'il livrerait quelque 620 000 doses de vaccins à Ottawa cette semaine, alors qu'il en offrait environ deux millions de façon hebdomadaire depuis trois semaines, ce qui fait craindre une pénurie à l'opposition.

«Le vaccin est distribué aussi rapidement que possible et je suis très heureux de rapporter que, sur une base per capita, le Canada compte plus de vaccins H1N1 que tout autre pays dans le monde», a répliqué le ministre des Transports, John Baird, qui a répondu aux premières critiques adressées à sa collègue.

La ministre Aglukkaq a par la suite souligné qu'il aurait été impossible de vacciner 33 millions de personnes en huit jours.

«Tous les Canadiens qui veulent le vaccin pourront le recevoir d'ici Noël», a-t-elle certifié, en rappelant au passage que la distribution du vaccin relevait des juridictions provinciales, renvoyant ainsi la balle à ses homologues provinciaux.

Du côté de Québec, le premier ministre de la province, Jean Charest, a une fois de plus voulu se montrer rassurant, lors d'un point de presse à Montréal, en se disant confiant que la campagne d'immunisation serait un succès, malgré les problèmes qu'ont connus certains centres de vaccination depuis une semaine.

«Je constate que partout il y a des difficultés, compte tenu de la tâche et du coefficient de difficulté. Alors au Québec on demande aux gens de suivre les consignes et de respecter le fait que nous y allons d'abord avec les groupes prioritaires», a-t-il réitéré à l'instar des derniers jours.

Par ailleurs, c'était au tour de la Montérégie et de la Ville de Québec d'ouvrir leurs cliniques de vaccination, lundi, et des foules de citoyens pressés de se faire administrer le vaccin ont là aussi rapidement afflué.

Tandis que des individus attendaient des heures en file pour recevoir leur piqûre à Longueuil, un centre de Saint-Hubert affichait déjà complet en début d'après-midi.

Mais on s'attendait à une telle affluence, a-t-on soutenu à l'Agence de la santé et des services sociaux de la Montérégie.

«On nous a dit qu'une fois que le site était ouvert on était capable de répondre à la demande. Mais c'est certain qu'il y a quand même des files d'attente, les gens doivent se préparer à attendre pour se faire vacciner», a reconnu le responsable des relations médias de l'agence, François Simard.

Malgré l'exemple donné ailleurs la semaine dernière, où l'on a réclamé des preuves de résidence aux citoyens ou instauré un système de convocation au cours de la journée pour éviter l'achalandage, aucune directive n'avait été émise en ce sens dans les centres de la Montérégie. M. Simard a toutefois laissé savoir que ce genre de consignes pourraient être imposées dès demain.