«Si j'apprends qu'un seul de leurs camarades est malade, je n'enverrai plus mes enfants à l'école». Comme de nombreux parents au Liban, Jeanne Abi Aad est affolée par les nouvelles -et les rumeurs- sur la grippe H1N1 qui ont déjà entraîné une vague de suspensions des cours.

Malgré les appels au calme lancés par les ministères de la Santé et de l'Education, qui assurent que «tout est sous contrôle», les informations faisant état d'élèves malades ont déclenché la psychose, alimentée par les rumeurs les plus folles.

«On ressent une grande panique parmi les parents», affirme à l'AFP Marwan Tabet, secrétaire général des écoles catholiques, qui constituent le plus grand groupe d'établissements scolaires dans le pays après les écoles publiques.

«Ils sont dans un tel état d'anxiété qu'ils appellent tous les jours et posent mille et une questions, même si on leur dit qu'il n'y a pas de malade dans notre école», affirme une employée dans un établissement à Beyrouth, sous couvert de l'anonymat.

Le ministère de la Santé évalue à 1500 le nombre de personnes touchées par la grippe H1N1 dans l'ensemble du Liban. Un premier cas mortel, celui d'une femme enceinte de 30 ans, a été annoncé en début de semaine.

«Je suis morte de peur à l'idée qu'ils attrapent le virus», avoue Mme Abi Aad, mère de deux enfants de huit et dix ans. «J'ai contacté à plusieurs reprises l'école pour m'assurer qu'aucun de leur camarade n'est absent».

«Je m'en fiche s'ils ratent des cours, je les retirerai de l'école à la moindre absence», ajoute cette femme de 45 ans.

Jusqu'à présent, plusieurs établissements ont suspendu leurs cours, notamment à l'école privée International College de Beyrouth, qui a fermé ses classes élémentaires et complémentaires (secondaire) pendant une semaine après que 31 de ses élèves eurent été atteints -et soignés- de la grippe.

À Saïda, la grande ville du sud du Liban, une école rattachée à l'association sunnite Makassed a également suspendu ses cours après la découverte d'un cas.

«Le lendemain, 83 écoliers se sont absentés d'un seul coup», affirme à l'AFP un responsable de Makassed, Mohieddine Jwaidi.

«Nous avons alors préféré suspendre les cours pour tranquilliser les parents et prendre davantage de mesures préventives», explique-t-il, appelant à ce que le diagnostic de cette grippe soit effectué dans les régions, alors que ce test n'est possible actuellement qu'à l'hôpital gouvernemental de Beyrouth.

D'autres cas de suspension ont également été enregistrés à Tripoli, la grande ville du nord, ainsi que dans d'autres régions libanaises.

«Je passe des heures au téléphone pour discuter avec les autres mères. Chaque jours, des rumeurs font état de dizaines d'élèves malades», s'inquiète Dina Mouffarej, 29 ans et mère d'une enfant de cinq ans.

Toutefois, le ministre de la Santé, Mohammad Jawad Khalifeh, a assuré jeudi à <i>La Presse</i> qu'il «n'y avait pas une situation d'urgence» et que «la propagation du virus ne s'est pas accélérée depuis l'été».

«Le Liban est toujours en attente du vaccin contre la H1N1, mais celui-ci sera réservé aux plus vulnérables», comme les personnes âgées ou atteintes d'une maladie grave, les enfants et les femmes enceintes, a indiqué le ministre.

Mais dans les pharmacies, la panique a poussé les gens à se précipiter sur les vaccins contre la grippe normale, qui n'ont aucun effet contre la H1N1. «Il y a une rupture de stock pour tout le mois d'octobre», assure un pharmacien.