Les écoles aux prises avec des cas de grippe A (H1N1) ne devraient pas fermer leurs portes pour éviter la propagation, mais plutôt rester ouvertes sauf en cas de force majeure.

A quelques jours de la rentrée scolaire, Ottawa a mis en ligne un document pour guider les écoles, les garderies et les établissements postsecondaires à faire face à une seconde vague de grippe A (H1N1), qui pourrait survenir cet automne.

Pour l'instant, la fermeture préventive des écoles est déconseillée, contrairement à ce qu'avaient choisi de faire quelques établissements à travers le pays où des cas d'influenza avaient été déclarés au printemps dernier. Les recommandations de Québec, également dévoilées mercredi, vont dans le même sens.

A moins d'avis contraire, les écoles ne devraient être fermées que pour des motifs administratifs, par exemple si trop d'enseignants et d'employés de soutien devaient s'absenter en raison de la maladie.

Selon le David Butler-Jones, premier administrateur en chef de la santé publique du Canada, renvoyer les enfants chez-eux si quelques cas de grippe se manifestent dans une école pourrait même avoir des effets néfastes.

En fermant des écoles, «ce que vous faites est de prendre une situation contrôlée et vous créez une situation incontrôlée», a-t-il fait valoir mercredi lors d'un point de presse hebdomadaire avec la ministre de la Santé, Leona Aglukkaq.

Laissés à eux-mêmes, les jeunes pourraient aller par exemple flâner au centre-commercial, où ils risqueraient non seulement de contaminer d'autres jeunes, mais aussi des personnes plus âgées, à son avis.

«C'est autre chose si vous fermez une école ou restreignez l'accès aux classes parce qu'il n'y a pas assez de professeurs ou parce qu'il y a tellement d'élèves malades que c'est moins perturbant de simplement fermer», a-t-il cependant noté.

Les documents d'orientation accessibles en ligne à l'intention des établissements scolaires comprennent les recommandations traditionnelles, telles qu'encourager les étudiants à se laver fréquemment les mains, à tousser dans leur manche et à rester chez-eux s'ils sont atteints.

Les écoles devraient par ailleurs établir un plan sur la façon d'isoler les élèves qui semblent présenter les symptômes d'influenza en attendant qu'un parent ou un gardien vienne les chercher, pour éviter de contaminer les autres.

La fréquence de nettoyage des salles de classe et des surfaces touchées par les élèves devrait également être accrue, selon les lignes directrices émises par le gouvernement fédéral.

Les établissements scolaires et les garderies sont des endroits où le virus peut se propager particulièrement rapidement, notamment parce que les enfants disposent d'un système immunitaire plus fragile que celui des adultes.

A Québec, les autorités provinciales ont aussi tenu une conférence de presse pour rassurer la population.

Le directeur de la protection de la santé publique, Horacio Arruda, a assuré que la situation actuelle de la grippe A (H1N1) ne commandait pas la fermeture préventive des écoles ou des services de garde.

Par ailleurs, aucun nouveau plan ou nouvelles mesures n'ont été présentés, les responsables de la santé publique insistant seulement sur les moyens de prévention toujours en vigueur, dont le lavage des mains.

Quant à la question du retrait préventif des femmes enceintes, le ministère de la Santé attend un avis de l'Institut national de santé publique à ce sujet.

M. Arruda a précisé qu'après une situation aiguë d'éclosion de grippe A (H1N1) à la mi-juin, alors qu'on a enregistré 107 nouveaux cas en une seule journée, les choses se sont par la suite améliorées.

Depuis le premier août, seulement neuf cas ont été signalés au Québec.

«La maladie est heureusement moins sévère que ce qui était attendu. La majorité des gens s'en sortent bien, par contre, il demeure des personnes vulnérables qui peuvent avoir des complications. Alors il faut demeurer vigilant, parce qu'on parle d'une deuxième vague potentielle de H1N1, mais aussi, la saison de grippe régulière arrivera comme à chaque année à l'automne», a précisé M. Arruda.

A ce jour, 67 décès ont été attribués à la grippe A (H1N1) au Canada depuis le début de l'éclosion, dont 24 sont survenus au Québec.

Les premières doses d'un vaccin devraient être prêtes à compter de la mi-novembre, mais il est possible qu'une immunisation complète nécessite l'administration de deux doses.

Par ailleurs, la ministre fédérale Aglukkaq et le docteur Butler-Jones ont rejeté la proposition, formulée dans le Journal de l'Association médicale canadienne (JAMC) cette semaine, de créer un poste de grand responsable du dossier de la grippe, indépendant et dont les pouvoirs seraient plus importants que ceux de M. Butler-Jones.

Selon ce dernier, la création d'un tel poste ne ferait que semer la confusion dans la population.