Plus de 160 cas de grippe porcine ont été confirmés en trois jours au Japon, faisant craindre l'apparition d'un deuxième foyer autonome du virus et donc d'une pandémie, au moment même où l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ouvrait son assemblée annuelle.

Devant les 193 Etats membres réunis à Genève, la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan, a annoncé le maintien de l'alerte de niveau 5. Selon les critères de l'OMS, la confirmation de l'existence d'un foyer autonome au Japon, hors du continent américain d'où est parti le virus, justifierait le déclenchement de l'alerte maximale de niveau 6, qui annoncerait l'apparition de la première grande pandémie grippale du XXIe siècle.Cent soixante-trois malades du virus A(H1N1) sont désormais recensés dans l'ouest du Japon, et les autorités japonaises ont fermé plus de 2.000 écoles.

Le nombre de malades a rapidement augmenté depuis samedi dans les préfectures d'Osaka et de Hyogo, après l'annonce de la contamination d'un lycéen de 17 ans de la ville de Kobe, premier cas d'infection locale de la maladie au Japon.

Quatre premiers cas du virus avaient été diagnostiqués dans ce pays début mai, mais il s'agissait de trois lycéens et d'un professeur revenant du Canada, qui ont depuis guéri après avoir été placés en quarantaine à l'aéroport.

Si la mégapole du grand Tokyo est pour l'instant épargnée, les autorités ont prévenu que plusieurs centaines de personnes pourraient déjà être infectées. «Nous devons agir rapidement en tenant pour acquis le fait que le virus s'est déjà propagé à travers le pays», a déclaré le ministre de la Santé, Yoichi Masuzoe.

L'OMS avait décrété fin avril l'alerte 5, qui signifie qu'une pandémie est «imminente». L'organisation disait alors attendre des preuves d'un foyer de transmission, non lié à des voyages, dans une région autre que le continent américain d'où est parti le virus inédit de type A(H1N1) en mars dernier.

Le niveau 6 d'alerte pandémique ne préjuge pas de la sévérité de la maladie, mais constate la propagation du virus sur la surface du globe.

Le virus, encore peu virulent et pour lequel il n'existe toujours pas de vaccin, pourrait cependant muter en une souche «beaucoup plus dangereuse», selon les experts de l'OMS.

A ce jour, la maladie a officiellement contaminé 8.829 personnes dans 40 pays de la planète, tuant 74 personnes, a indiqué lundi le numéro deux de l'OMS, le Dr Keiji Fukuda.

Ce bilan ne tient pas compte de l'accroissement, annoncé ultérieurement, du nombre des cas aux Etats-Unis. Les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont indiqué que le nombre des cas probables et confirmés d'infection était désormais de 5.123 cas dans 47 Etats et dans la capitale Washington, soit plus de 400 nouveaux cas depuis vendredi.

Sur le qui-vive depuis près d'un mois, l'OMS a prévu d'écourter de moitié son assemblée générale, qui prendra fin vendredi, pour ne pas détourner les participants de leur travail face à la pandémie.

La directrice générale, Margaret Chan, a lancé une ferme mise en garde. «Le virus nous a peut-être accordé un répit, mais nous ne savons pas pour combien de temps. Personne ne sait s'il ne s'agit pas du calme avant la tempête», a-t-elle prévenu.

«Nous avons toutes les raisons de craindre des interactions du nouveau virus A(H1N1) avec d'autres virus», a-t-elle souligné, en évoquant la possibilité d'un échange de gènes avec le virus de la grippe aviaire, «aujourd'hui solidement établi chez les volailles dans plusieurs pays».

L'épidémie de grippe porcine pourrait avoir «des effets notables» sur l'économie mondiale, a averti un haut responsable du Fonds monétaire international (FMI), John Lipsky, jugeant «difficiles à prédire» ses conséquences pour la croissance.