La grippe porcine continuait de se propager vendredi en particulier aux Etats-Unis où l'on compte désormais davantage de cas avérés qu'au Mexique, et au Canada où un premier décès a été enregistré, alors que trois nouveaux pays ont fait état de l'apparition de la maladie.

Pour les autorités sanitaires, le virus A (H1N1) complètement nouveau - combinant des souches porcine, aviaire et humaine - n'a pas été éradiqué et il pourrait connaître une résurgence à l'approche de l'hiver dans l'hémisphère Nord.  «Selon une estimation raisonnable, un tiers de la population (mondiale) serait contaminé» en cas de pandémie, a indiqué jeudi le numéro deux de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Keiji Fukuda.

Les autorités sanitaires au Canada ont fait état du premier décès «lié» à la grippe  A/H1N1, tout en soulignant que le rôle exact du virus dans cette mort «n'était pas clair» et faisait encore l'objet d'une enquête.

Trois nouveaux pays se sont ajoutés jeudi aux 24 touchés par l'épidémie: le Brésil avec quatre cas, l'Argentine avec un cas et le Panama avec un cas.

Quant aux Etats-Unis, ils comptent à présent davantage de cas confirmés de grippe porcine que le Mexique, pays jusqu'alors considéré comme le plus touché par la maladie. Les autorités sanitaires américaines ont recensé vendredi 1.639 cas avérés soit 743 de plus que la veille, alors que le Mexique faisait état de 1.319 cas confirmés. Le bilan des morts aux Etats-Unis reste cependant de deux morts seulement contre 45 dans le pays voisin.

Devant ce nouveau bilan, le président Barack Obama a mis en garde vendredi contre tout relâchement de la vigilance. «Nous sommes en train de constater que le virus pourrait ne pas avoir été aussi virulent que nous ne le craignions», a-t-il déclaré. «Mais nous ne sommes pas encore tirés d'affaire, il faut continuer à prendre des précautions», a-t-il averti.

Quant à l'OMS, elle a chiffré vendredi à 2.500 cas le nombre de malades confirmés de grippe porcine dans le monde avec, selon elle, un bilan de 46 morts au total.

A Mexico, où le dernier cas mortel remonte au 4 mai, les lieux publics ont quasiment tous rouvert après plus d'une semaine de paralysie à l'exception des écoles primaires, qui ne rouvriront que lundi. Les touristes étaient toutefois encore absents sur les sites historiques.

La mobilisation internationale pour fabriquer un vaccin a produit ses premiers résultats, avec le séquençage du génome du virus au Canada, troisième pays le plus touché avec 224 personnes contaminées.

En Grande-Bretagne, des chercheurs ont également annoncé avoir réalisé le séquençage génétique de la souche européenne du virus H1N1.

Un chercheur américain, Suresh Mittal, professeur à l'université de Purdue (Indiana), a en outre développé un vaccin qui pourrait être produit dans quelques mois.

En cas de pandémie reconnue par l'OMS, l'Agence européenne du médicament (EMEA) a recommandé d'allonger à sept ans contre cinq la durée de vie des gélules de Tamiflu (un antiviral efficace contre le virus actuel) et sa prescription aux bébés et femmes enceintes.

Treize pays d'Asie - les 10 de l'Asean ainsi que la Chine, le Japon et la Corée du Sud - vont «augmenter» leurs stocks de médicaments antiviraux pour être prêts en cas de pandémie.

 L'ONU avait critiqué vendredi des mises en quarantaine sur des critères de nationalité «clairement discriminatoires», dénonçant l'isolement dans certains pays de Mexicains dépourvus de symptômes ou qui se trouvaient hors de leur pays ces dernières semaines.

La Chine, fustigée par le Mexique, s'est défendue en disant chercher à éviter «des conséquences catastrophiques» et la propagation du virus en Asie, région parmi les moins touchées.

La Russie a assoupli son embargo sur le porc provenant de certains Etats américains et envisage la même chose pour les régions d'Espagne épargnées par le virus mais continue d'interdire les importations du Mexique.