Le virus de la grippe A (H1N1) qui circule au Canada est sensiblement le même que celui qui fait des ravages au Mexique depuis la mi-avril, et si ses conséquences sont différentes dans les deux pays, c'est probablement en raison de facteurs qui n'ont rien à voir avec le microbe lui-même.

C'est du moins ce que pensent désormais les chercheurs, qui s'appuient sur les conclusions d'une équipe du laboratoire national de microbiologie de Winnipeg, qui a réalisé la première étude de la séquence génétique du virus dans le monde.

La nouvelle a été confirmée mercredi par la ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq, qui a tenu à féliciter les scientifiques pour cette réalisation exceptionnelle. «C'est une première mondiale et une preuve de l'excellence scientifique canadienne», a-t-elle fait valoir lors d'un point de presse à Ottawa.

Le directeur scientifique du laboratoire de Winnipeg, le docteur Frank Plummer, a pour sa part déclaré qu'il s'agissait d'un pas de géant dans la compréhension de cette forme d'influenza, de ses modes de transmissions et de ses mutations possibles.

«C'est l'une des grandes questions que tout le monde se posait», a-t-il souligné.

Quelque 201 cas de grippe A ont été confirmés au Canada depuis le début de l'épidémie et presque toutes les victimes souffrent de symptômes bénins. La seule exception est une fillette de l'Alberta, qui a été admise à l'hôpital la semaine dernière et qui a pris du mieux au cours des derniers jours.

La situation est fort différente au Mexique où au moins 42 personnes sont décédées de la maladie et où l'économie a été paralysée pendant quelques jours.

L'analyse des résultats obtenus par les chercheurs manitobains se poursuit, mais les premières conclusions permettent de croire que les infections plus graves et les décès constatés dans ce pays sont peut-être attribuables à des facteurs comme l'état de santé préalable des victimes, leur bagage génétique et leur environnement.

Aux yeux des responsables québécois, il s'agit d'une information plutôt rassurante. Le directeur national de la santé publique, Alain Poirier, a ainsi souligné lors de son point de presse quotidien que jusqu'à maintenant, la grippe A n'avait pas provoqué de hausse de l'achalandage dans les urgences.

«C'est une bonne nouvelle, mais quand même il faudra continuellement s'ajuster», a-t-il cependant prévenu.

En dépit des efforts de prévention, la province a toutefois vu son nombre de malades grimper à 10, mercredi, avec la confirmation de six nouveaux cas: trois dans la région de Montréal, deux dans Lanaudière et un dans la région de Chaudière-Appalaches. Toutes ces personnes sont allées au Mexique récemment.

Les autorités rappellent malgré tout n'y a pas lieu d'isoler les voyageurs de retour de ce pays ou d'autres destinations touchées par la grippe.

C'est la conclusion à laquelle semblent en être venus les responsables chinois, qui ont levé la quarantaine imposée à une vingtaine d'étudiants montréalais depuis quelques jours.

La direction de la santé publique maintient d'autre part qu'il n'est absolument pas nécessaire de fermer des établissements scolaires pour éviter la propagation de la maladie. «Ce n'est pas le milieu où il y a le plus facilement de transmission», a expliqué le Dr Poirier.

Les craintes de contamination de la chaîne alimentaire par le virus se sont par ailleurs intensifiées mercredi, en raison d'une déclaration de l'Organisation mondiale de la santé selon laquelle la grippe A pourrait survivre à la congélation et se retrouver dans la viande destinée à la consommation.

Le gouvernement fédéral maintient néanmoins que les jambons, rôtis et autres côtelettes sont parfaitement sains. «Le porc canadien est sécuritaire. Il n'y a pas de danger», a insisté le ministre fédéral de l'Agriculture, lors d'un BBQ organisé par les producteurs de porcs, sur la colline parlementaire.

Le Dr Brian Evans de l'Agence canadienne d'inspection des aliments a expliqué mercredi qu'au Canada, les animaux étaient toujours examinés avant d'être abattus et que ceux qui étaient malades étaient exclus de la chaîne alimentaire.

En 2008, la valeur des exportations de porc s'est élevée à 2,7 milliards $.