Les autorités sanitaires appellent les Canadiens à la prudence et à la vigilance, même si les nouvelles semblent plutôt bonnes sur le front de la lutte contre la grippe A (H1N1), qui a contaminé plus d'un millier de personnes et fait 28 morts dans le monde depuis la mi-avril.

Au Canada, 25 nouvelles infections ont été confirmés mardi, dont une au Québec. D'après le directeur de la Santé publique de la province, le docteur Alain Poirier, la victime est un homme de Lanaudière ayant récemment voyagé au Mexique et qui se soigne chez lui.

Au total 165 cas de grippe A ont été déclarés jusqu'à maintenant, d'un océan à l'autre. Presque toutes les victimes canadiennes souffrent d'une forme bénigne de la maladie et n'ont pas été hospitalisées.

La seule exception est une fillette d'Edmonton, en Alberta, qui a été hospitalisée la semaine dernière et se trouvait lundi aux soins intensifs. Le directeur de la santé publique de l'Alberta, le docteur André Corriveau, a toutefois révélé mardi qu'elle se rétablissait bien et respirait par elle-même.

La progression de l'épidémie paraît avoir ralenti, non seulement au Canada mais aussi dans les autres pays touchés. Mardi après-midi, 840 cas avaient été recensés au Mexique, 487 aux Etats-Unis, une centaine en Europe et une poignée en Nouvelle-Zélande, en Israël, en Amérique du Sud et en Asie.

D'après le docteur Poirier, les plus récentes recherches permettent d'autre part de croire que le virus de la grippe A n'est ni très virulent, ni extrêmement contagieux. «Ce sont des bonnes nouvelles», a-t-il insisté.

Dans ce contexte, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a maintenu à cinq son niveau d'alerte à la pandémie sur une échelle de six.

Le gouvernement fédéral a aussi interrompu la série de conférences de presse quotidiennes sur la grippe qu'il avait entreprise il y a une semaine. Québec a cependant poursuivi la sienne.

«Malgré le fait qu'on sent une diminution par rapport à la situation, diminution au niveau du nombre de cas, pour nous c'est important de ne pas baisser la garde, de continuer à être très, très vigilants et de s'assurer que ça va dans le bon sens», a expliqué le ministre québécois de la Santé, Yves Bolduc.

En participant au point de presse, le ministre tenait en outre à remercier le personnel du réseau de la santé «qui a eu une réponse strictement formidable» depuis le début de la crise.

Il a du même souffle souligné que le plan d'action du gouvernement en cas de pandémie se déroulait comme sur des roulettes jusqu'à maintenant.

Le docteur Poirier a néanmoins rappelé que le virus continuerait vraisemblablement à se répandre et qu'il y aurait certainement d'autres victimes, peut-être plus âgées et plus mal en point, donc plus susceptibles de souffrir de complications.

«On sait aussi que le virus peut changer dans le temps, comme il le fait habituellement, donc il faut rester sur nos gardes», a-t-il insisté.

Tant à Ottawa qu'à Québec, on se préoccupe par ailleurs de la vingtaine d'étudiants de l'Université de Montréal placés en quarantaine dans un hôtel chinois, par mesure de précaution.

Les autorités ont assuré qu'ils étaient bien traités, qu'ils poursuivaient leur programme de formation linguistique et qu'ils étaient en contact avec le personnel de l'ambassade canadienne.

Les gouvernements continuent d'autre part à s'opposer publiquement au boycott du porc canadien, décrété par certains pays dont la Chine, après la découverte d'animaux contaminés en Alberta.

«Le Chinois continuent à travailler avec nous sur plusieurs fronts, a déclaré le ministre fédéral de l'Agriculture, Gerry Ritz, à la période des questions. Il y a beaucoup de commerce bilatéral entre les deux pays. Nous voulons seulement nous assurer qu'ils comprennent les faits scientifiques au sujet de la situation du porc au Canada.»

Si ses efforts diplomatiques échouent, Ottawa pourrait porter plainte à l'Organisation mondiale du commerce.