Une semaine après la découverte des premiers cas de grippe A (H1N1) au Canada, les autorités sanitaires ont confirmé lundi un premier cas grave de cette maladie au pays.

La victime, une fillette d'Edmonton, en Alberta, a été admise à l'hôpital jeudi dernier et se trouve aux soins intensifs. D'après l'administrateur en chef de la santé publique, David Butler-Jones, elle n'est pas allée au Mexique récemment et ne semble avoir eu aucun contact avec une personne qui en reviendrait.

Les médecins n'ont pas non plus identifié de facteur la prédisposant à une forme plus grave de la maladie, qui a fait 26 morts en Amérique du Nord depuis la mi-avril.

La ministre fédérale de la Santé, Leona Aglukkaq a souhaité un prompt rétablissement à la jeune malade lors de sa conférence téléphonique quotidienne à Ottawa. «Cet événement ne change pas notre réaction à la situation, a-t-elle précisé. Nous devons tous rester vigilants. Nous devons continuer à travailler ensemble.»

D'après le docteur Butler-Jones, ce cas grave est «déconcertant» mais pas «surprenant». Il indique que le virus de la grippe A n'a pas dit son dernier mot.

«Il ne connaît pas les limites. Il ne respecte pas les frontières. Souvent, il ne respecte pas l'âge. La nature est très imprévisible, comme l'est le virus de la grippe», a-t-il souligné.

La seule manière de réduire les risques consiste à suivre les conseils de prévention: se laver les mains régulièrement, éternuer ou tousser dans sa manche plutôt que dans ses mains et demeurer à la maison en cas de malaise, a-t-il martelé.

En dépit des efforts des autorités, les malades continuent à se multiplier au pays. Lundi, en fin de journée, 41 nouveaux cas avaient été confirmés au pays, soit 17 en Ontario, dix en Colombie-Britannique, six en Alberta, cinq en Nouvelle-Ecosse, deux à l'Ile-du-Prince-Edouard et un au Nouveau-Brunswick.

Au Québec, les autorités de santé publique ont fait le point lundi, indiquant qu'aucun nouveau cas n'avait été signalé, de sorte que l'on en recense toujours trois dans la province.

Au total, 140 personnes ont été infectées, d'un océan à l'autre, depuis deux semaines. A l'exception de la fillette albertaine, toutes les personnes contaminées souffrent d'une forme bénigne de la grippe et se soignent à domicile.

A l'échelle mondiale, le nombre de cas confirmés a grimpé lundi à 1276, dont 727 au Mexique et 300 aux Etats-Unis.

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) songe à hausser d'un cran son niveau d'alerte à la pandémie en raison de la multiplication des infections sur tous les continents.

Le Dr Butler-Jones a tenu à souligner que cela n'aurait aucune incidence sur la gravité des cas. «Une augmentation d'un niveau d'alerte à la pandémie, qui passerait à la phase 6, ne signifie pas que le virus est plus virulent», a-t-il expliqué.

Les autorités canadiennes se sont d'autre part dites préoccupées lundi par le sort de 25 étudiants québécois placés en quarantaine dans un hôtel en Chine, où ils participaient à un programme d'échange linguistique.

La ministre Aglukkaq a confirmé que les responsables consulaires avaient discuté avec les individus concernés et que ces derniers se disaient «bien traités». «Nous demeurons en contact avec les autorités locales pour obtenir des précisions», a-t-elle précisé.

Des responsables gouvernementaux canadiens doivent en outre se rendre dans l'Empire du Milieu mardi.

Le gouvernement fédéral continue par ailleurs à dénoncer publiquement l'embargo sur les produits porcins, décrété par quelques pays dont la Chine, après la découverte de cas de bêtes contaminées en Alberta au cours du week-end.

«Le Canada a un système rigoureux et dans le contexte actuel, on pense que les pays n'ont pas raison, d'autant plus que scientifiquement, il n'y a rien qui justifie de diminuer nos exportations», a insisté le ministre d'Etat à l'Agriculture, Jean-Pierre Blackburn, à l'issue de la période des questions.