«Nous sommes en train de vivre quelque chose que nous n'avons jamais vécu auparavant.»

Depuis plus d'une semaine, la vie de Fidel Samaniego, journaliste au quotidien El Universal, a complètement changé. Au même titre que les médecins et les infirmières, les journalistes mexicains qui couvrent le phénomène de la grippe H1N1 s'exposent au danger.

Et Fidel Samaniego en est bien conscient. «Je ne peux pas arrêter de penser au danger», a-t-il admis lorsque La Presse l'a rencontré non loin de la cathédrale alors qu'il travaillait. Vêtu d'une chemise blanche et suant à grosses gouttes en raison de la chaleur accablante, l'homme dresse un portrait de ce qu'il vit comme journaliste depuis une semaine.

 

«Par exemple, lundi, j'ai pris le métro et beaucoup de passagers ne portaient pas de masque! s'étonne-t-il. C'est important. Maintenant, chaque fois que quelqu'un éternue, on le considère comme suspect, raconte le journaliste tout en fumant sa cigarette. Ici, nous nous protégeons le visage parce que nous avons peur des autres. Les gens sont mal informés et, bien souvent, ils considèrent le pharmacien comme un médecin.»

Il raconte également avoir certaines craintes lorsqu'il questionne des citoyens qui vont à l'hôpital pour consulter un médecin afin de s'assurer qu'ils ne sont pas atteints du virus.

Cette semaine, par exemple, M. Samaniego a interrogé une femme dont la soeur croyait avoir les symptômes de la grippe. «J'ai parlé avec cette femme et j'étais assis près d'elle», dit-il. Selon lui, les proches des gens atteints peuvent également propager le virus.

«Mais l'endroit où j'ai le plus peur d'attraper la maladie, souligne le journaliste, c'est dans la salle de rédaction. Là-bas, il n'y a aucune aération.»

Qu'est-ce qu'il considère comme le plus difficile depuis le début? «Je dois toujours me laver les mains. Je ne peux plus aller au gym, le masque que je porte m'étouffe et, par-dessus tout, je ne peux plus embrasser personne...»